Une série d'importantes mesures sera prise par le chef de l'Etat dans les prochaines semaines. D'ici à la fin de l'année en cours, le Trésor public sera lourd de quelque 40 milliards de dollars, si l'on joint à la réserve de change estimée à quelque 20 milliards, les 20 autres que généreront les rentrées pétrolières. Le service de la dette payé, il restera dans les caisses de l'Etat une cagnotte appréciable, d'ailleurs jamais engrangée depuis l'indépendance du pays. Cette embellie financière, que les experts mettent sur le compte de la bonne tenue du marché pétrolier depuis trois ans, n'est pas fructifiée par les pouvoirs publics. Ces derniers font de la comptabilité au lieu de penser à placer ces fonds dans le cadre d'une dynamique à même de les rentabiliser. La seule initiative prise par l'Etat a été le programme de relance économique. Ce plan a mobilisé plus de 7 milliards de dollars sur trois ans, mais semble loin d'atteindre son objectif primordial, celui de donner un coup de fouet à l'économie nationale. Certes, certains objectifs sociaux ont été atteints, notamment dans le Sud et certaines zones enclavées, mais la machine économique ne s'est pas dégrippée pour autant. Un état de fait expliqué par les observateurs comme étant imputable au caractère bureaucratique de l'administration algérienne, incapable d'être à la hauteur du défi qui consiste à relancer l'économie nationale. C'est ainsi que de très nombreux projets inscrits dans le cadre du plan triennal n'ont pas encore connu un début de réalisation par la faute de lourdeurs dans la gestion des dossiers. Cela a vidé de sa sève le plan lancé par le Président de la République et en a fait un «pétard mouillé». Conscient sans doute de cet état de fait, le chef de l'Etat entend contourner le frein bureaucratique pour agir directement en direction de la société. A ce propos, des sources généralement bien informées ont indiqué à L'Expression qu'une série d'importantes mesures sera prise par le chef de l'Etat dans les prochaines semaines. Selon les informations en notre possession, Bouteflika a pris la décision de puiser dans le matelas de devises pour agir directement sur le pouvoir d'achat des citoyens, au lieu d'attendre les effets du plan de relance économique, lancé en septembre de l'année dernière. Nos sources indiquent que les mesures en question consistent en un relèvement conséquent des salaires des fonctionnaires, tous corps confondus, dans un premier temps, pour ensuite, agir sur le Snmg qui connaîtra, lui aussi une hausse significative. Ces mesures, qui seront principalement financées par les réserves de change, ont pour but de relancer la consommation des produits jusque-là inaccessibles à la classe moyenne, à l'image du véhicule et du téléphone portable, pour ne citer que les deux produits les plus prisés par les Algériens. En outre, les augmentations salariales auront pour effet d'élargir la population concernée par la formule location-vente, un programme qui a suscité un fort engouement au sein des couches moyennes de la société. Nos sources précisent, par ailleurs, que ce coup de pouce de l'Etat à la consommation sera accompagné d'une accélération du plan de relance économique, l'objectif étant de coupler les deux initiatives pour donner un solide coup de rein à l'économie nationale. Les mêmes sources ont révélé à L'Expression qu'au niveau de la présidence de la République, le dossier est ficelé et a toutes les chances d'être annoncé à l'occasion de la prochaine rentrée sociale. Dans ce même dossier, il est même prévu de recourir à une réévaluation du dinar algérien, dans la perspective de permettre aux citoyens de la Fonction publique de profiter de l'embellie financière grâce à une nette amélioration du pouvoir d'achat que provoquerait une telle mesure. Enfin, il semble que les plus hautes autorités du pays aient saisi l'importance de soutenir l'effort de développement en agissant d'abord sur la santé financière des citoyens. Soumises à des experts, ces mesures sont jugées positives et à même de constituer une réelle sortie de crise pour la société algérienne. Les aspects positifs d'une pareille démarche, estiment certains spécialistes interrogés par L'Expression, dépassent les quelques retombées négatives qui ont surtout trait à l'inflation qui sera difficilement maîtrisée. Cela dit, nos sources estiment que les risques ont bien été calculés par les services de la présidence.