Tout au long de l'émission de France 24, il a fait preuve d'une impressionnante expertise dans le domaine énergétique. Le président de l'Opep et ministre algérien de l'Energie et des Mines qui était l'invité de l'émission Talk Paris de la chaîne de télé française «France 24», vendredi soir, a dû expliquer et ré-expliquer plusieurs fois que la hausse du prix que connaît actuellement le pétrole n'a rien à voir avec un quelconque déséquilibre de l'offre et de la demande. Que ce soit le présentateur, le spécialiste des questions économiques de la chaîne ou le président de l'association française de défense des consommateurs «Que Choisir», tous semblaient faire une fixation chronique sur la seule responsabilité des pays producteurs. Entre l'accusation ressassée par les intervenants, des pays de l'Opep qui refusent d'augmenter leur production pour infléchir, selon eux, le niveau des prix, et la fixation par ces mêmes producteurs des prix élevés et leur maintien dans une logique de hausse incessante. Se rendant compte que ces interlocuteurs ne semblaient pas bien assimiler les véritables causes qu'il s'évertuait à leur expliquer et qui sont la dévaluation du dollar accentuée par la spéculation, l'arrivée du bioétanol sur le marché et les problèmes géopolitiques comme les menaces contre l'Iran, M.Chakib Khelil s'est résolu à des preuves plus terre à terre et plus faciles à comprendre. Et de rappeler que si les prix dépendaient réellement de l'Opep, l'organisation aurait-elle laissé les prix du pétrole chuter à 6 dollars en 1986? A cette époque, a-t-il rappelé: «les pays consommateurs nous disaient: messieurs les producteurs, c'est le marché libre. On ne peut rien faire». Quant à l'exigence d'augmenter la production, maintes fois répétée, notre ministre de l'Energie a fini par être plus direct: «Si vous me dites qu'il y a quelqu'un à qui on n'a pas vendu du pétrole, à ce moment-là, je verrai, mais, pour le moment, je mets mon pétrole sur le marché et je ne trouve pas d'acheteur». Au président de l'association «Que Choisir» qui a qualifié «l'Opep de cartel qui fixe les prix à sa guise», Chakib Khelil a aussitôt rectifié l'énormité en précisant que l'organisation qu'il préside n'est pas du tout un cartel, pour la simple raison que «sa production ne représente que 40% de la production mondiale». Il n'a pas manqué non plus de rappeler que l'Opep a toujours veillé quand elle le peut, à combler les diminutions imprévues de l'offre sur le marché. Comme lors de «la crise de Katrina en Louisiane où environ 200 millions de barils avaient disparu du marché» ou comme «en 2003 où la production du Venezuela, environ 3 millions de barils, avait disparu et qu'au même moment, le Nigéria avait baissé sa production de 1 million de barils». A chaque fois l'Opep avait dû remplacer la production manquante pour maintenir l'équilibre du marché. On ne peut être plus clair pour en finir, une fois pour toutes, avec la thèse de la production qui cause la hausse des prix. Sur la durée de vie des réserves de pétrole, le ministre algérien a tout simplement rappelé que «le débat n'est pas nouveau. Malheureusement il a lieu chaque fois que le prix augmente». Pas quand il baisse. «Je vous donne un exemple très simple, a-t-il poursuivi. En 1971, des prévisions faisaient état que l' Algérie épuiserait ses réserves dans vingt ans, c'est-à-dire en 1990, 1995. Or, aujourd'hui en 2008, l'Algérie a le même niveau de réserve qu'en 1971.» Et de poursuivre «on aura encore beaucoup de pétrole. Il y a suffisamment de pétrole pour environ les cinquante prochaines années». A la question de savoir si l'Algérie comptait créer des fonds souverains comme les pays du Golfe ou la Norvège, Chakib Khelil trouve que «l'option est valable. Toutefois, l'Algérie a des possibilités d'investissements extraordinaires à l'intérieur du pays. Nous avons un programme de 150 milliards de dollars. Il est fort possible que dans 4 ou 5 ans nous aurons des possibilités de création de fonds souverains pour des activités à l'extérieur de l'Algérie». D'autres sujets ont également été abordés comme la diversification par l'Algérie de ses ressources énergétiques, comme le nucléaire compris dans l'accord de coopération avec la France, le solaire, l'éolien, etc. En conclusion, M.Chakib Khelil a tenu à être rassurant: «Il ne doit pas y avoir de panique...je pense que ce n'est pas une crise énergétique à laquelle nous faisons face...Il y a un problème de prix qui est lié à autre chose qu'à l'offre et la demande. Il y aura du pétrole, du gaz et du charbon pour satisfaire les besoins des consommateurs...» Tout au long de l'émission qui a duré une heure, M.Chakib Khelil a fait preuve d'une impressionnante expertise dans le domaine énergétique et de qualités de communicateur de très haut niveau. Son message transmis par une chaîne à très longue portée fut si fort, si précis, si convaincant et d'un raisonnement supérieur qu'il rehausse l'image de l'Algérie et des Algériens. Un message qui honore tous les Algériens décidés à tordre le cou à la médiocrité.