Les pilleurs, travaillant avec des bandes italiennes et tunisiennes, se sont dotés de moyens ultrasophistiqués, notamment des GPS, des boussoles et des combinaisons de plongée. La mafia du corail impose son diktat. Pépinières dépouillées, côtes saccagées, textes de lois violés. Le pillage du corail se poursuit sur les côtes algériennes. C'est une mafia spécialisée qui a recours à ce «petit métier» pour vite s'enrichir. Le constat est unanime: la pêche illicite de cet invertébré aquatique fait ravage à l'est du pays notamment. Des quantités très importantes sont saisies par les services de sécurité. Pour l'année en cours, environ 1 quintal et 10kg ont été saisis par les différents services de sécurité. A la première lecture, le chiffre ne sonne pas très fort à l'oreille. Mais, après une simple transaction commerciale, cette quantité représente 88.000 euros, soit 1.056 000,00DA. Une fortune. Un kilogramme de corail est cédé à 800 euros, quant aux branches, elles sont revendues à 1500 euros la pièce. Ce qui témoigne de la valeur commerciale de cet animal marin. Depuis 2005, près de 7 quintaux 50 kg ont été saisis pour une valeur de 580480,00 euros, soit 6.965.760DA. La guerre contre les trafiquants a débuté en 2000. Cette année, les services de sécurité avaient récupéré 2 tonnes de corail. Une simple conversion nous donne 1.600.000 euros, soit 19.200.000DA. Globalement, la somme récupérée depuis 2000 est évaluée à environ 2.180.480 euros, soit 261.657.600DA. Les principales régions de production sont El Kala dans la wilaya d'El Tarf, Collo dans la wilaya de Skikda et bien évidemment, Annaba qui est réputée comme capitale du trafic. Cependant, il y a lieu de souligner que ces quantités saisies ne résument pas l'ampleur du trafic. En effet, d'autres régions côtières du pays réputées corallifères, comme Mostaganem et Chlef sont la cible des trafiquants. Ces chiffres ne prennent pas en compte la marchandise qui échappe au contrôle des services de sécurité. A noter que le nombre de saisies a été avancé à L'Expression, par Hocine Bellout, président de la Commission nationale des marins pêcheurs, lors d'une communication téléphonique. Le même interlocuteur précise que cette mafia est dotée des moyens ultrasophistiqués, notamment des GPS, des boussoles, des bouteilles et des combinaisons de plongée et plus de 150 zodiacs, avance-t-il. D'ailleurs plusieurs bandes ont été interceptées par les services de sécurité. Les pilleurs algériens travaillent en complicité avec la mafia italienne, qui assure, selon quelques indiscrétions, tous les moyens nécessaires pour squatter cette richesse naturelle marine. D'ailleurs, en 2000, trois Italiens ont été arrêtés à El Kala. Ils collaboraient avec des Algériens et surtout avec des Tunisiens. Quelques sources confirment que ce sont les Italiens qui assurent les entraînements de la mafia locale. Le but est d'extraire la plus grande quantité pour la revendre sur le marché européen. Outre sa cherté, ce produit est de plus en plus rare en Algérie. Extrait de nos côtes, le corail algérien est vendu en quantités importantes en Italie, en Grèce, en Tunisie et dans d'autres pays européens. La Tunisie demeure le pays de transformation de ce produit. L'Algérie recèle une production de corail très importante. Les côtes algériennes sont considérées comme les plus riches du Bassin méditerranéen. Elle est le premier producteur de corail rouge en Méditerranée. Selon des chiffres de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui ne sont pas actualisés, l'Algérie produit près de 50% du volume pêché. Il faut souligner que l'Algérie a introduit des textes de lois interdisant la pêche du corail, pour une période de 15 ans, afin de protéger cette ressource. Cette interdiction, adoptée en 2000, a pour but de permettre à cet animal marin de se reproduire et par la suite de pouvoir effectuer les études nécessaires pour une cartographie marine des récifs coralliens. Dans le même sens, l'Algérie a confié à un groupement français, Créocéan, Comex et un Centre d'océanologie de Marseille, de lui établir une étude sur ses coraux, à travers notamment la mise en place d'un plan de zonage. Cela pour pouvoir localiser, par zone, l'existence de la production. Se référant à ces chiffres, on constate que ni la loi ni la vigilance des services de sécurité ne fait reculer les bandes de pilleurs du corail algérien.