La mobilisation de la rue a trouvé son prolongement dans les urnes. L'arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle en France a poussé les Français, les jeunes surtout, à s'intéresser davantage à la chose politique. Après la mobilisation de la rue qui a rassemblé la semaine écoulée des centaines de milliers de personnes, le tour revient à l'urne de trancher définitivement le sort de la Ve République. Hier à midi, le taux de participation a atteint le chiffre de 26,1% selon le ministère de l'Intérieur, soit 5% de plus par rapport au premier tour du 21 avril dernier. Même si le taux de participation annoncé semblait optimiste, il n'en demeure pas moins qu'il est inférieur au taux enregistré à la même heure lors des élections présidentielles de 1988 et 1995. Toutefois, il faut souligner que la majorité des électeurs votent l'après-midi. C'est ce qui va se réaliser. Vers 17 heures, le ministère de l'Intérieur a annoncé 67,6%, un taux encourageant qui montre que la mobilisation a porté ses fruits. C'est dans la capitale que le taux de participation le plus élevé a été enregistré à midi, suivi de Lille, la ville dirigée par Martine Aubry, l'initiatrice des 35 heures et, selon certains analystes, la future patronne du PS. Dans le Xe arrondissement, Eric et sa femme rencontrés devant le bureau de vote espèrent que «les Français vont montrer, après l'annonce des résultats, que leur pays est loin de sombrer dans l'extrême droite» et que «(leur) République, de par son histoire, restera multicolore». Cécile, Française d'origine chinoise, dira, quant à elle: «La mobilisation de la rue trouvera son prolongement dans les urnes et fera reculer la menace te et ante de Jean-Marie Le Pen.» Ali, d'origine algérienne, qui a souligné avoir voté Chirac, fera remarquer: «Le comportement de certains beurs explique le vote de l'extrême droite même s'il ne le justifie pas.» Dans d'autres bureaux de vote, la mobilisation a été importante. Et ce qui était redouté la semaine passée n'a pas eu lieu. Les électeurs n'ont pas voté avec des gants et aucune manifestation n'a été enregistrée devant les bureaux de vote. Les mises en garde du Conseil constitutionnel ont été prises en considération par les électeurs. En revanche, si les yeux ont été braqués sur le second tour de cette élection qui a suscité beaucoup de réactions, l'attention des états-majors des partis politiques se portent sur les élections législatives prochaines. L'intérêt que portent les Français à la politique après le cataclysme du premier tour a considérablement évolué et marquera les consultations électorales à venir.