Au sein de l'opinion locale, l'heure est à l'interrogation et à l'inquiétude. C'est une atmosphère marquée de folles rumeurs et d'angoisse grandissante qui a caractérisé ce treizième jour de la grève de la faim des cinq détenus du mouvement citoyen à Béjaïa. Si leur état de santé ne cesse de se dégrader, il en est de même de leurs familles et de la société en générale qui sont gagnées chaque jour par une peur qui en dit long sur ce qu'encourent ces grévistes. Leur refus de surseoir à leur action malgré les nombreux appels de leurs familles, du collectif des avocats et du mouvement citoyen n'augure rien de bon. Pis encore, il ouvre la voie à toutes sortes de manipulations telles cette fausse information donnée samedi soir, et faisant état de l'évacuation du délégué détenu Ali Gherbi à l'hôpital dans un état comateux. S'étant propagée rapidement, elle avait spontanément donné lieu à des émeutes à El-Kseur qui se sont poursuivies jusque tard dans la nuit. Hier encore, cette localité a été paralysée par une grève générale avant de sombrer de nouveau dans les troubles en fin de journée lorsque les manifestants avaient procédé au blocage des RN 12 et 26. Les assurances données par le frère d'Ali Gherbi et du collectif des avocats de la défense sur l'état de santé des grévistes n'ont pas eu raison de la détermination des jeunes à manifester leur colère et «exiger leur libération immédiate et inconditionnelle», avant de s'en prendre aux forces de l'ordre. D'autres localités ont également renoué avec les hostilités qui prennent forme dès la fin de la journée. C'est le cas notamment de Semaoun, Timezrit et Sidi Aïch qui ont vu leur quiétude perturbée depuis deux jours par les heurts quotidiens entre jeunes manifestants et éléments de la gendarmerie nationale, de la sûreté de daïra. Comme d'habitude, des écoliers s'en prennent, dès la fin des cours, aux services de sécurité qui ne tardent pas à riposter pour les disperser. Au sein de l'opinion locale, l'heure est à l'interrogation et à l'inquiétude. Les citoyens ne comprennent pas cette persistance des détenus grévistes à poursuivre cet ultime recours préjudiciable à leur santé. «Le pire est à craindre», avancent les citoyens à quelques jours du début de la campagne électorale qui promet d'être incertaine. Par ailleurs, les étudiants de l'université Abderrahmane-Mira de Béjaïa ont tenté, hier, de marcher en signe de soutien aux détenus. Leur action a été empêchée par un important dispositif de sécurité déployé sur les lieux. Les étudiants ont, cependant, tenu un sit-in d'une heure avant de se disperser dans le calme. Notons enfin que 37 détenus ont été jugés hier en appel. Une douzaine a été acquittée, seize autres, qui ont reconnu les faits qui leur ont été reprochés, ont vu leur peine baissée. Elles sont passées de 6 à 36 mois à 2 et 6 mois de prison ferme. Le procès des neuf manifestants de Seddouk a été renvoyé à une date ultérieure. Signalons aussi le rassemblement pacifique des quelques familles des détenus devant le tribunal de Béjaïa.