Violence et rumeurs rythment la vie en Kabylie, et les détenus toujours en attente. Depuis maintenant 14 mois, la situation en Kabylie se caractérise par la violence et la rumeur qui s'inscrivent, à bien observer les choses, dans le temps et l'espace. A défaut d'un dialogue serein et porteur d'espoir, celles-ci ont fini, avec la bénédiction de ceux auxquels le statu quo profite, par devenir un mode d'expression. La rumeur, que les tenants de la radicalisation alimentent sans cesse, a, ces derniers mois, pris le relais des émeutes et rythme la vie des citoyens. Cette réalité, qui est loin de connaître son épilogue, favorise de plus en plus les supputations et les spéculations au point que des informations sont colportées çà et là, sans se soucier nullement des conséquences. En effet, après la rumeur portant sur la libération des détenus du mouvement citoyen à l'occasion du 40e anniversaire de l'Indépendance, voilà que l'on assiste, depuis deux jours, à une autre rumeur qui donne ces mêmes détenus fin prêts pour la reprise de la grève de la faim. Au-delà de l'information qui reste, à l'heure où nous mettons sous presse, impossible à confirmer, il y a lieu de signaler les tentatives des uns et des autres de faire pression sur les détenus afin de les amener à entreprendre des actions au péril de leur vie. Après plus de quatre mois de détention, des membres du mouvement citoyen à Béjaïa sont gagnés par une réelle déception envers les pouvoirs publics et leurs camarades animateurs. Pris comme ils sont entre l'enclume et le marteau, ils ne savent plus à quel saint se vouer, à telle enseigne qu'ils sont donnés de nouveau partants pour l'ultime recours, à savoir la grève de la faim. Ayant pris acte publiquement de l'offre de dialogue, ces détenus ne comprennent toujours pas que l'on persiste à les maintenir en prison. Par ailleurs, ils apprécient mal le recul pris par le mouvement en matière de mobilisation au point de perdre confiance sur ces capacités de faire pression pour les libérer. Ils se voient l'objet de «chantage» de la part des pouvoirs publics. Le recours de nouveau à la grève de la faim ne peut être interprété que comme un cri des détenus face à cette tergiversation qui caractérise les uns et les autres. En attendant, le flou qui caractérise la situation n'augure rien de bon. Le retour des mauvais jours peut intervenir à tout moment. A l'heure où nous mettons sous presse, le CS d'El-Kseur s'attelait à l'organisation d'un meeting d'information où il sera question, dit-on, d'annoncer le début de la grève. Aujourd'hui, les familles des détenus de la ville de Sidi Aïch organiseront un sit-in devant le tribunal de la ville pour exiger le jugement ou la libération de leurs enfants. Nous y reviendrons.