Observée en soutien aux détenus grévistes à Tizi Ouzou, elle semble s'inscrire dans le temps. En effet, dix détenus sur les dix-sept encore en détention à Béjaïa, sont en grève de la faim depuis le 31 décembre dernier, soit depuis sept jours. C'est pour la troisième fois que les détenus de Béjaïa recourent à l'ultime action et ce, depuis leur arrestation en octobre de l'an dernier. Si durant les deux premières actions, les délégués détenus voulaient dénoncer «leur arrestation arbitraire», il n'en est pas de même pour l'action en cours qui constitue un soutien à Belaïd Abrika et à ses compagnons «dont l'état de santé ne cesse de se dégrader au 33e jour de jeûne». En décembre dernier, les cinq délégués détenus à Béjaïa n'avaient cessé leur grève de la faim qu'après une forte insistance de leur famille et de leurs camarades de la Coordination intercommunale de Béjaïa (Cicb) qui avaient, à l'issue de la rencontre de Semaoun, lancé un appel pressant pour mettre fin à l'action, mais c'était en vain puisque les grévistes ont ignoré l'appel plusieurs jours avant de décider d'eux-mêmes à surseoir à la grève. Au sein de l'opinion, on s'interroge sur ces recours successifs à la grève de la faim bien qu'elle ne contribue réellement pas à leur libération, leurs camarades de la Cicb n‘ayant pas eu raison de leur détermination. Les recours successifs à la grève de la faim ne sont pas sans dénoter une inquiétude chez les détenus. Gagnés par le doute devant la démobilisation citoyenne, la grève de la faim reste l'unique recours à même de ressusciter l'adhésion populaire. Les risques que peuvent engendrer ces actions dangereuses amènent beaucoup d'observateurs à avancer que «les ârchs gagneraient davantage en réfléchissant sur de meilleurs voies et moyens de libérer leurs camarades et faire aboutir les revendications». On fait souvent allusion à «un véritable dialogue» qui demeure, quoi qu'en pensent certains, le souhait de la majorité silencieuse.