La persistance de cette rumeur est telle que même les délégués y croient dur comme fer. La recrudescence de la violence et la rumeur faisant état d'une éventuelle libération des détenus du mouvement citoyen sont les principaux sujets qu'abordaient les citoyens ces jours-ci à Béjaïa. Cette libération interviendrait, à la veille de la fête religieuse du Mawlid Ennabaoui, soit cinq jours avant la date du scrutin du 30 mai. La persistance de cette rumeur est telle que même les délégués détenus à la maison d'arrêt de Béjaïa, y croient dur comme fer, nous a confié un délégué de la CICB. Nos contacts avec le collectif d'avocats de la défense et les familles des détenus ne nous sont pas permis d'en savoir davantage, mais nous avons, toutefois, noté un grand espoir chez nos interlocuteurs qui ne demandent pas mieux que de voir cette rumeur devenir réelle. Si pour le collectif d'avocats de la défense, cette éventualité est des plus réalisables en se référant à la Constitution algérienne qui confère au Président de la République d'amnistier ou de gracier des personnes à l'occasion des fêtes nationales et religieuses, ils ont, en revanche, précisé que la grâce ne peut être accordée qu'aux détenus jugés et que l'amnistie peut toucher tous les détenus. C'est justement cette amnistie qui revient le plus souvent dans la bouche des citoyens dans leurs discussions. Nombre d'entre eux accordent un grand crédit à cette information qui demeure, en l'absence d'une décision officielle, impossible à confirmer. Au sein de l'opinion locale, tout ce qui tend vers l'apaisement de la situation fortement tendue, est le bienvenu. L'espoir d'un retour rapide au calme semble a priori le seul souci de la majorité des citoyens à telle enseigne que la moindre rumeur est prise très au sérieux. Les observateurs de la scène politique locale n'hésitent pas à croire à cette éventuelle libération qu'on ne manque pas, cependant de qualifier de conditionnelle en expliquant que «c'est le meilleur moyen dont disposerait le Président de la République pour couper l'herbe sous le pied de ceux qui cherchent à envenimer la situation au fur et à mesure que le jour du scrutin approche». Ces observateurs développent une thèse selon laquelle, «la tension grandissante de ces derniers jours est née à partir des actions organisées en faveur de ces détenus». Par conséquent, ajoutent nos interlocuteurs «la libération des détenus peut détendre l'atmosphère». Ce qui explique, par ailleurs, cet empressement à prendre pour argent comptant cette rumeur. Pour rappel, plus de 145 manifestants et délégués sont incarcérés depuis près de deux mois pour certains à la maison d'arrêt de Béjaïa. Si l'ensemble des manifestants arrêtés en flagrant délit a été jugé puis rejugé en appel, il n'en est pas de même pour les délégués de la CICB au nombre de 18, après l'arrestation de Mohamed Ikhlef, délégué de Souk El Tenine. De lourdes charges (22 chefs d'inculpation) ont été retenues contre notamment Farès Oudjedi, Ali Gherbi, Khoudir Benouaret et Mohamed Bedjou. L'appel introduit sur les chefs d'accusation n'ayant pas abouti, les détenus du mouvement citoyen ont décidé d'entamer une grève de la faim qui a été suspendue 13 jours après, suite aux démarches entreprises par les avocats, les familles et la coordination intercommunale. Récemment encore, ils ont introduit une demande de libération provisoire qui s'est vue rejetée par la chambre d'accusation du tribunal de Béjaïa. Nous avons appris que 35 détenus, dont les peines d'emprisonnement ont été confirmées en appel, ont été transférés de la maison d'arrêt de Béjaïa vers celle de Kherrata.