A cette action se joindront, à partir de samedi, les détenus de Tizi Ouzou et de Bouira. Les détenus du mouvement citoyen de la wilaya de Béjaïa ont décidé, depuis hier, d'observer une grève de la faim, ultime recours face au mutisme des pouvoirs publics aux diverses démarches entreprises en vue de leur libération, non seulement par eux-mêmes et le collectif d'avocats, mais aussi par le mouvement citoyen représenté localement par la Cicb. Ils sont plus de 140 manifestants ou délégués à être incarcérés à la maison d'arrêt de Béjaïa depuis le 25 mars dernier, soit quelques jours après le discours-réponse du Président de la République. Si pour les manifestants, leur arrestation est intervenue au cours des émeutes qui ont secoué la région, il n'en est pas de même pour une dizaine de délégués, dont Farès Oudjedi, Ali Gherbi, Khoudir Benouaret et Mohamed Boudjou... qui ont été interpellés au sein du tribunal en pleine réunion. Plus de 80 manifestants ont été jugés, ces deux dernières semaines, pour flagrant délit et ont écopé de peines allant de 6 à 12 mois de prison ferme. Cette action connaîtra, sans aucun doute, une médiatisation qui ne manquera pas de faire pression sur les pouvoirs publics à la veille d'une importante échéance électorale, à savoir les législatives du 30 mai. Cette action, entreprise à l'unanimité par les détenus du printemps noir, provoquera sans nul doute un élan de solidarité populaire qui commence, d'ores et déjà, à se manifester sur la scène locale, En témoignent cette grève générale et le rassemblement tenu, hier, par les travailleurs de l'éducation et la marche qu'entreprendront les mères, demain. Cette action, à laquelle se joindront à partir de samedi les détenus de Tizi Ouzou et de Bouira, est venue, rappelons-le, à la suite du non-aboutissement des démarches entreprises jusque-là en vue de leur libération par, notamment, le mouvement citoyen qui n'a cessé depuis leur incarcération d'initier des actions en leur faveur. Le rejet de l'appel fait par le collectif d'avocats sur le mandat de dépôt par la chambre d'accusation près le tribunal de Béjaïa, ajouté à la rumeur de leur libération à l'occasion du 22e anniversaire du Printemps amazigh qui s'est avérée infondée, paraissent a priori être les éléments qui ont précipité les événements. Devant cette situation, les détenus n'avaient d'autre choix que de recourir à l'ultime action qui est la grève de la faim. Connaissant les conséquences immédiates que pourrait engendrer une telle action sur la santé physique et morale des détenus, il est impératif que les pouvoirs publics réagissent sinon, à défaut, se voir fortement discrédités. Le pouvoir se trouve donc dans une position délicate qui lui impose d'apporter des réponses à même d'apaiser la situation, devenue des plus préoccupantes. Au sein de l'opinion locale, la nouvelle s'est propagée telle une traînée de poudre donnant lieu, dès hier, à moult commentaires chargés d'inquiétude et d'appréhension. Si la nécessité de se solidariser avec les détenus est déjà acquise, on s'interroge, en revanche, sur l'attitude qu'adoptera le pouvoir. Agira-t-il de la même sorte en apportant des réponses tardives? Telle est l'interrogation qui taraude les esprits des citoyens qui paraissent très inquiets et sceptiques à la fois devant l'urgence d'une réponse. En tout état de cause, on est convaincu que, peut-être, cette fois-ci, la sagesse prévaudra pour le bien de tout le monde.