«Ce qui se passe, actuellement, dans les prisons est fomenté par certains cercles à El-Mouradia.» C'est ce qu'a déclaré Djaballah, d'un ton rassuré, hier, au forum organisé par le quotidien El Youm devant un parterre de journalistes. Cette révélation signifie-t-elle qu'il existe effectivement une tendance au sein du pouvoir qui veut empêcher les élections du 30 mai? Ou alors est-elle une déclaration elle-même politicienne? Surtout qu'elle vient de la bouche d'un leader auquel le Président de la République a consacré le plus de temps, lors de sa dernière rencontre avec les partis ( plus de deux heures). Interrogé sur l'identité de ces cercles, Djaballah se contente de les définir comme étant «un courant radicaliste laïco-occidentaliste». Pour le leader d'El-Islah, c'est cette tendance qui est à l'origine des dérives de l'Algérie. Djaballah regrette, d'ailleurs, que ce courant ait utilisé, pendant une décennie, le slogan «De la démocratie illicite» qu'il a instrumentalisé pour se reconduire indéfiniment au niveau des centres de décision de l'Etat. Selon Djaballah, «les orientations de ces laïco-occidentalistes», «les pressions qu'ils exercent sur la société» conduiront inévitablement vers «un autre octobre» plus dramatique et «il le sera dans un proche avenir». Par ces orientations, Djaballah entend notamment les réformes du système éducatif, de l'Etat et de la justice. «Fidèle à (ses) principes», Djaballah s'est déclaré intraitable par rapport à ces réformes, particulièrement celle de l'école. Il dira, à ce sujet: «Ce projet touche directement aux constantes nationales. On dirait qu'il est préparé pour une nation qui n'est pas arabe.» Dans ce sens, il ajoute: «Nous le rejetons, nous le refusons et nous utiliserons tous les moyens possibles pour empêcher sa concrétisation.» Profitant de cette tribune, Djaballah s'est permis quelques courtes dissertations purement électoralistes, en expliquant, entre autres, que l'exercice politique n'obéit pas nécessairement à la philosophie machiavélique. A propos des événements de Kabylie, région où son parti a présenté deux comme têtes de liste (Tizi Ouzou et Béjaïa), Djaballah a affirmé: «Si on est sûr que cette région boycotte les élections à 95%, je suis pour leur report.» S'agissant de la constitutionnalisation de tamazight, il réitère sa «proposition non négociable» et qui consiste en l'écriture de cette langue en caractères arabes. Par ailleurs, le leader d'El-Islah a affirmé que les candidats aux élections présentés par son parti sont tous militants au sein d'El-Islah. Dans le même sillage, il a dénoncé l'élimination de certains candidats islamistes pour des «raisons qui n'obéissent à aucun motif légal», comme c'est le cas de son parti à Mascara où une seule liste a été refusée. «D'un côté, on annonce, tambour battant, une amnistie, on organise un référendum, de l'autre, on tronque des listes pour la simple raison que les candidats auraient appartenu au parti dissous.» Pour Djaballah, il s'agit là «d'une fuite de responsabilité et d'un manquement aux engagements pris devant le peuple». à la suite de ces faits et de la «non-application des propositions de partis au sujet de ces élections», Djaballah appréhende le prochain scrutin et «soupçonne une fraude». Pour parer à cette dernière éventualité, il a recommandé à ses militants et aux électeurs de «surveiller les urnes» et de «défendre leur voix» et ce, quelles que soient les intimidations et les menaces.