Ouyahia sera la principale victime d'un échec électoral de sa formation politique. Le RND vit ses heures les plus difficiles. Alors qu'on croyait le feu éteint dans la maison d'Ouyahia, les dissidents, conduits par Aïssa Nouasri, reviennent à la charge et sont en passe de menacer sérieusement la stabilité de cette formation, déjà ébranlée par l'épisode de la confection des listes électorales d'où la grande majorité des députés du parti s'est vue écartée. Cette nouvelle crise au sein du RND à quelque 3 semaines du scrutin n'est pas pour arranger l'image de marque d'une formation politique qui n'a jamais eu bonne presse. Aussi, malgré le ton qui se veut serein du SG, le conflit né de la mise à l'écart de nombreux cadres est en train de prendre des proportions telles que le sort de l'actuel parti majoritaire à l'Assemblée est, pour ainsi dire, scellé. «Le cyclone» qui s'est abattu sur le RND et dont Ahmed Ouyahia est quelque part à l'origine, risque d'avoir pour conséquence immédiate, un score très éloigné de celui acquis lors des élections législatives de 1997. Il est évident qu'un échec électoral, dans les conditions où se trouve le RND sera ressenti par la base comme un véritable séisme, dont la principale victime sera évidemment Ouyahia lui-même. Toutes les tentatives de résistance qu'il oppose ces derniers jours aux frondeurs vont, à coup sûr, fondre comme neige au soleil, dans le cas d'une défaite aux élections du 30 mai prochain. La pression de la base, relayée par les cadres mécontents, sera tellement forte que l'actuel homme fort du RND, en fera sans doute les frais. D'ailleurs, au vu de la nouvelle reconfiguration du paysage politique qui s'annonce plus conforme à la réalité du terrain, il semble que Ouyahia n'ait pas réellement sa place. Des observateurs avertis relèvent, en effet, que l'implantation des principaux partis représentatifs qui composent le paysage politique donnent une prédominance d'El-Islah de Djaballah à l'est du pays. Le Centre se trouve être, selon les mêmes observateurs, acquis au MSP et au FFS, alors que l'Ouest constitue un fief pour le RND, dont une bonne partie des cadres influents est issue. Le parti de Benflis lui, a toutes les chances d'être relativement bien représenté à travers tout le territoire national. Ce partage de fait, de la cartographie politique du pays qui, dit-on, a toutes les chances de se confirmer avec les prochaines élections législatives, mettra Ahmed Ouyahia devant un panel de responsables et non des moindres qui demanderont sans doute des comptes. Ajouté à la très forte pression qu'exerceront sans aucun doute les militants de l'Ouest du pays qui voudront que le prochain chef du parti soit puisé parmi les cadres de la région au vu de l'ancrage du parti, il n'est pas exclu que Ouyahia soit l'une des plus importantes victimes de la reconfiguration du paysage politique national. Enfin, Ouyahia le mal-aimé, le commis de l'Etat qui n'a jamais rechigné à la tâche, est-il en train de connaître son dernier quart d'heure politique? En tout cas, il lui reste trois semaines pour se préparer et un combat titanesque à gagner (législatives), s'il veut sortir indemne de cette énième crise. Pour cette bataille, il ne peut compter que sur sa force de persuasion et celle des candidats du parti. S'il n'arrive pas à convaincre les électeurs, cela peut être la fin d'un des parcours politiques les plus singuliers de l'histoire de la République.