Un responsable a jeté un pavé dans la mare, en affirmant que les plans des fondations ont été changés par l'Opgi pour économiser sur le coût. Au quatrième jour du procès, en appel, dit du séisme de Boumerdès, c'est le site des 50 logements de Dellys qui est décortiqué après l'effondrement de deux blocs constitués de 25 logements chacun où il y a eu 84 morts. Les deux frères Laâroussi, entrepreneurs, ont été chargés de la réalisation des deux blocs sus-indiqués, appartenant à l'Opgi. A propos de ce site, construit sur une nappe phréatique selon les conclusions de l'expertise de la commission, le mystère reste entier; des zones d'ombre persistent pour le cas de ces deux blocs de R+4. Savait-on qu'on construisait sur une nappe d'eau? Sinon, connaissait-on l'origine des eaux stagnantes au niveau des fondations? Appellé au prétoire, M.Farid Boughanem, l'actuel directeur de l'Agence CTC de Boumerdès, ayant en charge plus de 700 projets de construction, en sa qualité de prévenu libre et néanmoins chargé du suivi dudit projet, dira: «Tout a été fait, dans les règles de l'art et la nappe phréatique, selon le rapport du sol établi par le Lnhc (Laboratoire national d'habitat et de constructions) n'existe nul part». Ce responsable estime qu'il y a une confusion dans les conclusions de l'expertise selon laquelle, le CTC a relevé dans ses procès-verbaux de visites, l'existence d'une nappe d'eau, puisque le CTC n'a jamais décelé la présence d'eau. Sauf que, selon toujours le chargé de suivi du CTC, un certain moment, il a été consigné dans le PV n°10, du même organisme: «Alors que nous étions sur le site pour la réception de l'étanchéité, nous avons constaté la présence d'eau stagnante au fond de la fouille». Après quoi, nous avons informé le maître de l'ouvrage et le BET. «Ce dernier est tenu de faire une étude sur l'origine des infiltrations, et prendre les mesures qui s'imposent.» Il avait été convenu que les eaux provenaient des infiltrations et ruissellements des eaux usées. C'est pour cela que le CTC, le BET et le maître de l'ouvrage avaient décidé de régler le problème de l'infiltration des eaux en amont et ce, en construisant un voile périphérique et un mur de soutènement, dont le premier était une prescription supplémentaire, et le deuxième pour retenir un talus, et mettre un réseau de drainage, expliquera, en substance, cet ingénieur du CTC. Confronté à un représentant du CTC, un expert, en l'occurrence, M.Belhadj, déclarera: «J'ai simplement dit, qu'il y avait un remaniement du sol. Car, on a fait le terrassement à grande masse, après qu'on ait avancé dans les travaux, et le remblai n'était pas bien compacté.» Notons que ce site est construit à 150 m du niveau de la mer et, selon le rapport du sol, ou les coupes géologiques de l'Inhc, le remblai est à 3,20 m de profondeur et au dessous, il y avait une couche de schiste. L'encrage à 4 m de profondeur est acceptable du point de vue technique. Selon l'expert du ministère de l'Habitat, interrogé par le représentant du parquet et le juge du siège, les deux entrepreneurs répondront qu'ils ont travaillé selon les plans qu'on leur a remis. Toutefois, tandis que l'un déclarait avoir décelé la présence de l'eau durant les terrassements, l'autre soulignera qu'il s'était rendu compte, une fois que les travaux avaient atteint le niveau R+3. Le chargé du projet, délégué par le maître de l'ouvrage, M.Allik, dira que, «ma mission se résume à faire seulement l'état physique.» Mais, il est relevé, également, l'absence d'essais sur les couches d'argile dans le rapport du sol. Le responsable du BET, pour sa part, a jeté un pavé dans la mare, en affirmant que les plans des fondations ont été changés pour économiser sur le coût par l'Opgi. Puisque le BET a présenté deux variantes de plans de fondation, l'Opgi a rejeté la première, estimée onéreuse. Pour retenir la deuxième dans la première, il est conseillé les courts poteaux, mais dans la deuxième, les longs poteaux. Pour l'expert, les long poteaux sont déconseillés pour ce genre de construction. Par ailleurs, il est déduit, lors des confrontations entre l'expert et le BET que les membres de l'expertise ministérielle se sont basés sur la variante rejetée par l'Opgi. Enfin, M.Bouchama, expert, a déclaré que s'il devait refaire l'expertise, il la ferait autrement. Pour dire que le travail a été réellement fait dans la hâte.