Une salle vide, des avocats absents, pas de témoins ni de victimes, et de moins en moins de journalistes. C'est ce qui a caractérisé la troisième journée du procès des responsables lors du séisme qui s'est poursuivi avant-hier dans une salle pourtant climatisée, aérée et disposant de toutes les commodités nécessaires. Et c'est l'affaire des 210 logements OPGI de Tidjellabine qui a été examinée lors de cette séance où il est question de plusieurs lacunes relevées comme défaut d'exécution, manque et absence de contrôle, non-application de la réglementation, entre autres. Plus de 22 personnes ont péri à la suite de l'effondrement de cinq bâtiments de cette cité construite au temps où Tidjellabine faisait partie de la wilaya d'Alger. Le premier à être appelé à la barre pour s'expliquer fut naturellement l'ex-directeur de l'OPGI de Boumerdès, A. K., déjà acquitté lors du premier procès tenu l'année dernière au niveau du tribunal de Boumerdès. “Ce projet a été initié et réalisé par la wilaya d'Alger et sa réception s'est faite avant mon installation”, a affirmé A. K., rejetant ainsi toute responsabilité sur le drame survenu en ce jour du 21 mai 2003 sur ce site où 22 personnes dont des femmes et des enfants ont été écrasés sous les bâtiments, dont certains se sont écroulés comme des châteaux de cartes. Le responsable du bureau d'études, S. A., condamné en première instance à deux ans de prison ferme et 50 000 DA d'amende, a surpris les 20 personnes présentes dans la salle lorsqu'il affirme au juge qu'il avait juste 14 ans quand le projet a démarré en 1980, précisant qu'il n'est pas concerné par les reproches qu'on lui a faites, d'autant plus, ajoute-t-il, que sa nomination à ce poste date seulement de 1995. Le juge fait intervenir l'experte, membre de la commission, désignée par le ministre de l'Habitat au lendemain du séisme, qui affirme que les causes de l'effondrement sont dues à la puissance du séisme, mais aussi à des anomalies de construction relevés notamment au niveau du ferraillage où les poteaux ne disposaient pas de la feraille appropriée. Quant à l'expert désigné par la justice, il a indiqué que les conclusions contenues dans les rapports des commissions ministérielles ne peuvent être établies à 100%, car elles sont intervenues en 2005, soit deux ans après le séisme. Pour cet expert, les échantillons du béton prélevées perdent de leurs caractéristiques et de leur puissance durant les deux ans qui séparent le séisme et le travail de la commission. M. T.