Le dialogue avec les ârchs semble être le credo de la classe politique pour cette rentrée. Après l'offre semi-officielle de vendredi, Bensalah, Messaâdia et Zerhouni sont montés au créneau pour décliner les vertus du dialogue. A commencer par le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, qui a indiqué devant l'APN que «la raison et la sagesse sont en train de l'emporter en Kabylie», en ajoutant que l'offre de dialogue n'était en soi pas nouvelle et qu'il l'avait réitérée lors de l'installation des walis de Tizi Ouzou et de Béjaïa. Un peu plus tôt dans la journée, Mohamed Chérif Messaâdia, président du Sénat et autre proche du Président Bouteflika, a abondé dans le même sens en qualifiant d'«impératives l'ouverture du dialogue et sa promotion tout en consultant les sages auxquels la nation fait confiance quant à leur attachement à l'unité du pays et sa cohésion». Le numéro deux de l'Etat a rappelé «la grandeur de la région de Kabylie et les sacrifices consentis par les gens de cette région, depuis le mouvement national algérien et durant la guerre de Libération nationale». Sans citer les délégués de la coordination interwilayas de Tizi Ouzou qui avaient achevé leur conclave à M'chedallah, il indiquera qu'ils sont «“des dignes héritiers de cette région». Les appels au dialogue, émanant des différentes institutions de l'Etat, sont autant de signaux que le gouvernement a décidé de jouer la conciliation avec les ârchs. Si Zerhouni a mis un bémol à ses déclarations sur les manipulations qui secouent le mouvement de protestation en Kabylie, et qui sont vérifiables, c'est que la tendance au sein de l'Exécutif est à l'apaisement politique. Le fait que Messaâdia caresse dans le sens du poil les animateurs du mouvement kabyle est un autre qui ne trompe pas surtout lorsqu'on sait que le président de la Seconde Chambre garde un oeil sur les revendications de son parti originel, le FLN, qui demeure tout à fait hostile à l'ouverture de canaux de dialogue avec les ârchs qu'il considère comme un regroupement non représentatif de la Kabylie. Ces différentes interventions semblent aussi préparer une base de dialogue direct qu'est certainement tenté d'explorer le Président Bouteflika. Les émissaires secrets traversent la Kabylie à la recherche d'interlocuteurs, promettant le règlement de plusieurs revendications des ârchs et tentant d'arriver à un casus belli avec les animateurs de ce mouvement. Il est devenu explicite que les contacts officieux commencent à aboutir à une structuration concrète du dialogue d'où ces sorties publiques de personnalités réfléchissant en public la vision du dossier par le Président de la République. Or, les ârchs qui se sont séparés en queue de poisson lors du conclave de Bouira, se retrouvent devant une situation de fait. Le temps presse et les fondations de ce mouvement se fissurent à mesure que s'attisent les contradictions entre délégués, partagés entre tourner le dos à ces appels au dialogue et y répondre. Selon divers observateurs, les ârchs sont devant une «chance historique» de donner une substance concrète à leurs revendications d'autant plus que le mouvement de «désobéissance civile» risque de ne pas entraîner une adhésion populaire tangible.