Les laboratoires de propagande de certains milieux politiques américains sont incontestablement en panne d'imagination. La caricature représentant Obama en «islamiste» en face du portrait de Ben Laden, publiée par l'hebdomadaire The New Yorker «prise en charge» par des relais médiatiques pour l'indispensable tapage, est d'une indigence affligeante. Une insulte à l'intelligence. Un enfant à peine sorti de ses couches comprendrait l'objectif de la manoeuvre. D'abord parce qu'elle intervient la veille du voyage que doit entamer au Moyen-Orient, la semaine prochaine, le candidat démocrate. Un voyage où il doit rencontrer et les Palestiniens et les Israéliens. La manoeuvre est destinée à mettre en «bonne» condition Obama qui risque de se laisser aller à des paroles ou promesses en direction des Palestiniens. Il pourrait, en effet, se laisser influencer par la trêve en cours entre le Hamas et Israël ainsi que l'échange de prisonniers prévu. Une trêve et un échange qu'il serait hasardeux de croire que le climat est à l'apaisement durable dans la région. Le «message» contenu dans la caricature est destiné à faire comprendre à Obama de ne pas s'aventurer dans une telle déduction et se laisser emporter à des discours au-delà de la ligne tracée depuis toujours. Une ligne que l'on retrouve dans les déclarations antérieures du candidat démocrate faisant allégeance aux autorités de Tel Aviv. La caricature en question est un non-événement qui est justement amplifié uniquement pour la bonne compréhension du message. Chacun sait qu'Obama est loin d'avoir manifesté une quelconque sympathie envers les Arabes en général et les Palestiniens en particulier. Sauf que les «laboratins» cités plus haut sont prévoyants et craignent que le candidat démocrate ne lorgne vers les voix de la communauté musulmane américaine faisant mine que la «détente» autorise des relâchements. Surtout que Mc Caïn, son concurrent républicain, s'est rendu au Moyen-Orient en mars dernier mais uniquement en Israël. Il s'est bien gardé de rendre visite aux Palestiniens. Donc Obama est averti. Il lui est «conseillé» de ne pas rendre visite à Mahmoud Abbas ou, à défaut, de ne pas faire trop de zèle. Et que le climat de paix apparent, plus marqué encore par le «Sommet de la paix» qui s'est tenu à Paris, ne doit pas être pris au pied de la lettre. Ils sont circonstanciels sans plus. Ils sont plus destinés à essayer d'isoler l'Iran qu'à faire réellement la paix avec les Arabes. Les concepteurs de la caricature et de son amplification ne volent pas haut. C'est tellement gros qu'on peut parier à l'avance qu'Obama a très bien compris le message et qu'il agira en conséquence. C'est-à-dire qu'il sera sur ses gardes pour ne pas commettre d'écart de langage qui lui coûterait cher dans sa course à la Maison Blanche. Maintenant qu'il est mis en condition, le candidat démocrate peut monter dans l'avion et se rendre au Moyen-Orient. La caricature étant sa «feuille de route».