Les troubles ont éclaté vers 9h 45, au moment des visites familiales Une mutinerie a éclaté hier dans le centre de rééducation de la ville de Sidi bel Abbes, appelé communément le Sheraton. La prison inaugurée au mois d'août 2001 qui a une capacité de 500 détenus a vu ses effectifs grossir pour atteindre presque les mille détenus entassés dans des cellules surchargées. Les troubles ont éclaté à 9h 45, au moment des visites familiales. Tout est parti des salles 3 et 4 où sont détenus des prisonniers condamnés à de lourdes peines dans le cadre d'affaires liées au terrorisme. Les mutins, au nombre de 140, ont mis le feu au matériel de couchage avant de prendre possession de la cour de la prison. Au cours de cette première «passe d'armes», un détenu, originaire de Aïn Témouchent, asthmatique est décédé asphyxié. 5 autres détenus ont été blessés dans les premières échauffourées. A l'origine de la mutinerie, un détenu transféré de la prison de Laghouat où il attendait d'être exécuté avant que sa peine ne soit commuée en prison à perpétuité après avoir bénéficié des dispositions de la loi sur la concorde civile. Les insurgés se sont ensuite dirigés vers la cour et ont escaladé le mur d'enceinte de la prison. Du haut de leur perchoir, ils lançaient des slogans hostiles à la direction de la prison et au ministre de la Justice, M.Ouyahia. Ce dernier est qualifié dans les slogans des mutins de «Addoua Allah». Les prisonniers, qui avaient peint sur leur matelas des slogans, ont refusé de réintégrer leurs cellules avant l'arrivée de M.Ali Benflis, le chef du gouvernement pour lui soumettre une plate-forme de revendications. Hier alors que le feu continuait de consumer certains objets entassés à la hâte par les mutins dans la cour de la prison et alors que leurs clameurs continuaient de déchirer le ciel de la ville de Sidi Bel Abbes, des bruits de mutinerie à Saïda et à Tlemcen avaient circulé. Par ailleurs, pour la troisième journée, les mutins de la prison d'El-Bouni refusent toujours de descendre des toits qu'ils avaient occupés, à titre de rappel, lundi dernier, jour de parloir. Selon des sources dignes de foi, les 500 détenus ont déclenché une grève de la faim pour protester contre l'intervention de la gendarmerie nationale qui a utilisé les bombes lacrymogènes pour les obliger à rejoindre leurs salles, ce qui a provoqué un malaise chez une vingtaine de prisonniers et quelques gardiens. Des journalistes ont été interdits d'accès aux alentours de la prison. Dans une conférence de presse, le procureur général a, par ailleurs, affirmé que la situation s'est quasi normalisée vers 17h, puisque, a-t-il souligné, la plupart des détenus ont regagné leurs cellules au terme des discussions engagées avec certains de leurs délégués. Des engagements auraient été pris pour prendre en charge les principales doléances des émeutiers à savoir réviser les dossiers de certains condamnés et le transfert, pour les détenus qui l'ont formulé, vers des centres de détention proches de leur lieu de résidence. Toutefois, les pouvoirs publics semblent décidés à en finir avec cette affaire au plus tard cette nuit. «Les prisonniers, qui refusent d'obtempérer et qui persistent à occuper les toits de l'établissement pénitentiaire, seront délogés par la force, le cas échéant.»