Le chef de l'état voit une nécessité de corriger les règles régissant les investissements et la politique de la privatisation. La situation est amère. Abdelaziz Bouteflika a dressé un sévère réquisitoire sur la gestion de quelques secteurs d'activités en Algérie. Le chef de l'Etat appelle à revoir le mode de fonctionnement de la gestion de certains secteurs. «Il est temps d'établir une autocritique. Nous devons faire une autorévision. Il est temps de réfléchir avec honnêteté et sincérité. Il ne faut pas fuir la vérité. On ne peut pas échapper à la réalité. Le chemin que nous avons emprunté ne mène pas au paradis», a déclaré M.Bouteflika dans son discours prononcé à l'occasion de sa rencontre avec les maires. Il enchaîne: «Nous avons pris un chemin qui n'est pas égal à nos moyens et nos capacités». Solutions: «Il est temps de revoir quelques mécanismes de gestion et quelques modes de fonctionnement.» Le président de la République énumère «ses critiques». Le chef de l'Etat voit une nécessité de corriger les règles régissant les investissements et la politique de la privatisation. «En ce qui concerne la privatisation, je dirai que nous ne vendons pas en gros nos entreprises. Chaque chose a son prix. On doit évaluer chaque chose à son prix réel», a-t-il poursuivi, hier, à la Coupole du complexe Mohamed-Boudiaf. Le chef de l'Etat jure par tous les saints que «les entreprises publiques ne tomberont pas entre les mains des entreprises parasites du secteur public». Il préfère les transformer «en activités d'utilité publique» que de les céder, n'importe comment, au secteur privé. «Je ne suis pas contre les investissements. Au contraire, je dis bienvenue aux investissements. Mais ils doivent être fructueux, d'abord pour le pays, avant qu'ils ne soient bénéfiques pour l'investisseur». M.Bouteflika refuse d'appeler «un vendeur de limonade, un investisseur. Ce n'est pas avec une boisson d'eau et de sucre qu'on contribue à l'édification de l'économie nationale et au développement du pays». Il affirme: «Nous n'avons pas besoin d'entreprises parasites. Elles ne sont pas utiles.» Le président de la République rejette le fait que l'Algérie soit un pays où les investisseurs viennent pour se remplir les poches et repartir chez eux. Il est catégorique: «Nous devons, désormais, partager les bénéfices avec les investisseurs.» «On parle de la mondialisation, on doit respecter les règles du jeu internationales. Celles-ci sont différentes d'un pays à un autre. Elles s'appliquent selon la réalité nationale de chaque pays. Et chaque pays a ses spécificités.» Le premier magistrat du pays s'étonne encore: «Nous sommes dans un pays étrange.» Il illustre: «Il est inconcevable d'accorder les mêmes privilèges à un investisseur qui investit un million de dinars et un autre qui met un paquet de 5 milliards de dinars.» Interrogé sur cette sortie inattendue du Président, Noureddine Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur «salue le courage et l'honnêteté du Président». «Il ne s'agit plus d'un aveu d'échec. Il y a des choses qui sont faites et il y a d'autres qu'il faut corriger. Il a fait preuve d'une honnêteté exemplaire. Il a bien dit qu'il s'agit d'une autocritique qui nous concerne tous», a répondu le ministre, en marge de cette rencontre. S'agit-il d'une défaillance M.le ministre? «Vous l'appelez comme vous voulez. L'important c'est qu'il y a certaines démarches que nous avons engagées qui ont été en deçà des espérances. Nous constatons qu'il y a des éléments qu'il faut corriger et on doit les corriger.» Dans le secteur de l'éducation, le Président s'est interrogé sur le taux de réussite dans les examens du Bac des élèves du Sud, qui est inférieur à celui enregistré dans le Nord. «On doit mettre plus de moyens et de ressources humaines dans les wilayas du Sud. Il faut construire des logements de fonction pour les enseignants.» C'est dans ce cadre que le chef de l'Etat réitère qu'on fasse une autorévision. «Je ne blâme personne. Je ne condamne encore personne. Je n'accuse aucun responsable. Je fais une autocritique tout simplement», a rappelé le chef de l'Etat. Dans cet ordre d'idées, le président de la République insiste à ce que chacun déploie plus d'efforts et travaille davantage. «Nous ne devons pas rester figés. Il ne faut pas attendre un miracle». C'est sous cet angle que le Président demande aux présidents des Assemblées populaires de faire preuve de plus de dynamisme. «Maintenant, il est nécessaire que, de votre côté, vous fassiez preuve de pragmatisme, de détermination, d'initiative et de transparence dans la gestion de vos communes», a-t-il dit. Le premier magistrat du pays a expliqué que «la wilaya aujourd'hui ne trouve pas son sens convenable chez le citoyen. Car, nous n'avons pas les moyens nécessaires pour y parvenir». C'est une déclaration confirmée par M.Zerhouni. «C'est vrai qu'il y a des wilayas qui ne répondent pas aux attentes des citoyens. C'est pour cela que nous organisons des formations de ce genre.»