Elle a fait un réquisitoire des plus sévères sur la situation sociale et économique dans laquelle s'embourbe l'Algérie. La nouvelle taxe pour l'acquisition des véhicules neufs récemment décidée par le gouvernement Ouyahia? «Une décision injuste et rien ne la justifie», répond sans conteste Mme Hanoune. La décision du chef du gouvernement d'ouvrir la commercialisation des produits pétroliers à des multinationales? «Inconcevable», résume en ses mots, la porte-parole du PT. Qu'en est-il de la grève de la faim des enseignants contractuels? Reprenant son souffle, elle estime que «la nation est redevable à ses hommes et ses femmes car ils ont toujours répondu présent dans les moments difficiles». Et de trouver en l'idée de privatiser Naftal, «une agression perpétuelle». Que pense-t-elle de la loi domaniale amendée et la loi portant orientation agraire- si orientation il y a? Sur ce chapitre, l'oratrice s'est longuement attardée, tout en appelant, avec insistance, à «la sauvegarde de la Nation». Elle rappelle que la campagne menée par son parti pour la suppression de cette loi domaniale, dépasse les 50.000 signatures enregistrées. Soit plus de 1000 signatures pour chacune des wilayas. Révoltée, la secrétaire générale du PT souligne avec beaucoup de regrets, que la gravité consiste en la «possibilité de vendre ou de concéder les biens de l'Etat pour une période allant jusqu'à 65 ans avec jouissance des droits réels y compris le droit d'hypothèque et d'héritage pour les bénéficiaires.» A se fier à ses propos, ces amendements exproprient le peuple, confisquent la souveraineté nationale et sapent les conditions de l'existence d'un Etat algérien. Ainsi, pour sauver le pays d'une dérive réelle, la 1ère responsable du PT interpelle le chef de l'Etat «pour le retrait de cette loi abominable et anti-algérienne.» «Le retrait de cette nouvelle loi est une question de sauvegarde nationale parce qu'elle planifie la destruction des liens de solidarité nationale, des bases matérielles de la nation qui confondent l'unité de la République», précise-t-elle. Quelles sont les raisons qui ont poussé l'Etat à se faire hara-kiri en se dépossédant des biens de la collectivité nationale, qui sont la base matérielle de son existence? «Le pire a été évité in extremis grâce au gel puis à la modification profonde de la loi 05/07 par le Conseil des ministres sur décision du Président de la République en juillet 2006», répond Mme Hanoune. Le cas de l'entreprise Alver(Oran) nationalisée après l'Indépendance et que le petit-fils de son fondateur veut récupérer démontre «que la politique de bradage de nos entreprises publiques que poursuit le ministre de l'Industrie avec acharnement, rétablit des rapports coloniaux». Revenue sur le dernier discours de Bouteflika, la première responsable du PT estime que le moment est opportun pour que les meilleures décisions soient prises et se concrétisent sur le terrain. Selon Mme Hanoune, une série de propositions faites par son parti, mais sans que ces propositions, notamment en termes de tout ce qui a trait à la privatisation, n'ont pas été prises en considération. Dans ce contexte, la dame de fer du PT fustige, de nouveau, la politique prônée par Abdelhamid Temmar. Ce ministre, dit-elle, a transgressé la loi 01-04. Explication? Aucun bilan annuel relatif à la privatisation n'a été présenté depuis 2001, par ledit ministre. Quant à la commission chargée de suivre et de contrôler cette privatisation, «elle ne s'est jamais réunie.» «Une gabegie gigantesque», poursuit-elle. Pour que cesse cette hémorragie, Mme Hanoune estime que l'Ugta a tout intérêt à rouvrir les 1500 entreprises fermées, sinon ses travailleurs se rabattront sur des travaux précaires. Sans y aller avec le dos de la cuillère, elle précise qu'«on compte interpeller la Centrale syndicale, les partis politiques, même ceux qui ont salué auparavant l'idée de privatisation et d'autres forces, pour pousser le Président à prendre les meilleures décisions».