Les partis islamistes ont, à maintes fois, fait une proposition de loi interdisant l'importation, la commercialisation et la production d'alcool. La levée du monopole de l'Etat sur l'importation, le commerce et la production de l'alcool n'est pas sans susciter la hargne et la colère des partis islamistes. Cette nouvelle mesure, contenue dans la loi de finances complémentaire 2008, «va à contre-courant des principes de notre religion», estime le Mouvement de la société pour la paix (MSP). Contacté hier par L'Expression, Mohamed Djemaâ, chargé de la communication auprès dudit parti, a rappelé que «le MSP a déjà fait une proposition de loi relative à l'interdiction de l'importation et de la production des boissons alcoolisées». «Donc, ajoute-t-il, notre position est claire. Elle est toujours la même. Elle ne changera jamais.» Il faut rappeler que le parti de Bouguerra Soltani a fait sa proposition de loi vers la fin 2006. Elle n'a, toutefois, pas eu l'écho souhaité parmi les partis politiques siégeant au Parlement. A l'époque, lorsque la proposition de loi a été soumise au vote, elle n'a obtenu que 30 voix. Ce qui est perçu comme une véritable gifle à l'ensemble des partis d'obédience islamiste activant sur l'échiquier politique national. Et maintenant que le ministère des Finances a franchi un deuxième pas, les islamistes viennent de constater que toutes leurs tentatives de faire imposer leurs propositions s'avèrent vaines. Pis encore, le mouvement En Nahdha, se dit pris de court par la nouvelle mesure contenue dans la loi de finances complémentaire pour 2008. «C'est anticonstitutionnel» estime Mustapha Bouguerra, chargé de la communication à En Nahdha. Se voulant plus convaincant, M.Bouguerra cite les lois 2 et 9, alinéa 3, de la Constitution selon lesquelles: «L'Islam est la religion de l'Etat» et «Les institutions interdisent les pratiques contraires à la morale islamique et aux valeurs de la Révolution de Novembre». Contacté par L'Expression, Mustapha Bouguerra, a estimé que «cette mesure ne fera qu'enfoncer, encore davantage, les Algériens dans la débauche. C'est la honte, d'autant que la loi de finances complémentaire intervient à la veille du mois sacré de Ramadhan». Notre interlocuteur précise, en outre, que «ce genre de mesures ne figurent pas dans le programme du président de la République, tout comme toutes les taxes qu'on impose aux Algériens». Justement, au sujet des nouvelles mesures fiscales contenues dans la loi de finances complémentaire 2008, le mouvement En Nahda juge que «ces mesures ne font qu'exacerber la pression qui pèse déjà lourd sur les citoyens. Ainsi, ce qui été donné avec la main droite, sera retiré de la main gauche». Il faut rappeler, par ailleurs, que la levée du monopole de l'Etat sur l'importation, la commercialisation et la production des alcools vise, selon le ministère des Finances, à «mettre fin aux difficultés d'approvisionnement régulier de l'alcool et en raison de l'incapacité du service des alcools de l'Etat de répondre aux besoins des opérateurs économiques, la loi de finances complémentaires pour 2008 autorise l'importation, l'exportation, la production et la vente des alcools sur le marché intérieur sans passer par le service des alcools qui en détenait le monopole». Les opérateurs doivent, toutefois, obtenir un agrément de l'administration fiscale et souscrire à un cahier des charges fixé par le ministère des Finances, indique le communiqué, diffusé jeudi dernier par le département des finances. Cette ouverture du marché était réclamée par les opérateurs privés algériens qui se plaignaient des lenteurs bureaucratiques du service des alcools de l'Etat.