Le médiateur sud-africain, le président Thabo Mbeki, a eu hier des entretiens, successivement avec Morgan Tsvangirai et Robert Mugabe, notamment. Les protagonistes des pourparlers sur un partage du pouvoir au Zimbabwe se sont retrouvés hier à Harare avec le médiateur, le président sud-africain Thabo Mbeki, afin de débloquer des points cruciaux de désaccord. «Nous devons tous prier», a lancé le principal négociateur de l'opposition, le secrétaire général du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) Tendai Biti, à son arrivée dans un hôtel de la capitale où se tiennent les discussions. Il s'est contenté d'approuver d'un signe de tête lorsque les journalistes lui ont demandé si les pourparlers avançaient pour sortir le pays de la paralysie née de la défaite historique du régime aux élections du 29 mars. Le chef du MDC, Morgan Tsvangirai, a été le premier des dirigeants reçus dimanche par M.Mbeki, chargé par ses pairs d'Afrique australe de faciliter une issue négociée à la crise. Après quelque 45 minutes d'entretien, il a été suivi par le président Robert Mugabe, 84 ans dont 28 au pouvoir, qu'il a rejoint plus tard avec le chef d'une faction dissidente du MDC, Arthur Mutambara. Les trois hommes, accompagnés de leurs négociateurs, se sont abstenus de tout commentaire. Les deux composantes de l'opposition ont ravi le 29 mars au parti au pouvoir, la Zanu-PF, sa majorité à la Chambre des députés, tandis que M.Tsvangirai arrivait largement en tête du premier tour de la présidentielle. Mais le MDC s'est retiré de la course pour le second tour le 27 juin, jetant l'éponge face aux violences contre ses partisans. Selon le journal sud-africain Sunday Mail, les équipes de négociateurs ont «trouvé un terrain d'entente» sur plusieurs points encore en suspens. Elles seraient parvenues à un accord sur la question de la terre, dont la redistribution à la majorité noire catalyse les tensions, ainsi que sur celle des sanctions imposées contre le régime par l'Occident depuis de premières élections contestées en 2002. Après avoir appliqué pendant des années le principe d'un rachat des fermes détenues par les Blancs sur une base volontaire, inscrit dans les accords d'indépendance conclus avec la puissance coloniale britannique en 1979, le président Mugabe avait cédé en 2000 devant la pression des anciens combattants de la guerre d'indépendance ou prétendus tels. Ces derniers exigeaient une accélération du mouvement, dont ils entendaient profiter. En 2000, ils ont lancé une violente campagne d'occupation des terres, qui a débouché sur une réforme agraire précipitée. Quelque 4000 fermiers blancs ont quitté le Zimbabwe, entraînant une chute brutale de la production agricole dans l'ancien grenier de l'Afrique australe. Selon les critiques du régime, cette redistribution non préparée a précipité la crise économique actuelle. Le Zimbabwe est enlisé dans une hyperinflation de plusieurs millions de pour cent en taux annuel, alors que la production industrielle est au point mort. Les denrées de base sont introuvables dans les magasins. Les discussions de dimanche devaient porter sur la structure d'un nouveau gouvernement et la répartition des portefeuilles, affirme le Sunday Mail. M.Mugabe n'entend pas céder la présidence, tandis que M.Tsvangirai exige le contrôle de l'exécutif, sur la base de ses résultats au scrutin du 29 mars. Il est impossible de priver le héros de l'indépendance d'un poste au moins honorifique qui lui permette un retrait dans la dignité, soulignent les analystes. Selon des informations de presse parues dans la semaine, les négociations ont marqué un tournant lorsque a été convenu le principe d'une amnistie pour les responsables du massacre perpétré contre la minorité Ndebele, dans le sud du pays, au début des années 1980, ainsi que des violences orchestrées contre l'opposition.