Les chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique australe se sont réunis à huis clos pendant plusieurs heures hier en un ultime effort pour arracher au pouvoir et à l'opposition au Zimbabwe un accord sur un gouvernement d'unité nationale. A l'agenda officiel du Sommet figurait le lancement d'une zone de libre-échange au sein de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC). Mais, deux heures plus tard, les dirigeants n'étaient toujours pas sortis d'une nouvelle session au plus haut niveau. Ils ont entendu les comptes-rendus du médiateur de la SADC dans la crise au Zimbabwe, le président sud-africain Thabo Mbeki, puis de la troïka de politique et de sécurité, saisie des questions liées à la stabilité dans la région. En fonction de l'évolution des pourparlers, une décision devait être prise sur la suite à donner à la médiation, a indiqué le ministre des Affaires étrangères d'un des 14 pays-membres, qui a requis l'anonymat. L'approche adoptée par M.Mbeki, qui s'est toujours abstenu de critiquer publiquement le vieux chef de l'Etat zimbabwéen, est jugée trop conciliante par nombre de ses pairs. Le sommet, qui s'est ouvert samedi, a mis tout en oeuvre pour pousser les protagonistes d'un gouvernement d'unité nationale à parvenir à un accord. «Ce sommet nous offre l'opportunité d'aider les parties au Zimbabwe à conclure leurs négociations», avait déclaré M.Mbeki lors de la cérémonie d'ouverture samedi, insistant sur l'urgence d'un accord. Les protagonistes dans les pourparlers -M.Mugabe et les opposants Morgan Tsvangirai et Arthur Mutambara- étaient présents au Sommet, les deux derniers à titre d'observateurs invités. Le Zimbabwe est englué dans une crise sans précédent née de la défaite du régime aux élections générales du 29 mars, puis de la réélection fin juin du président, 84 ans dont 28 au pouvoir, lors d'un scrutin entaché de violences. La troïka, composée de l'Angola, le Swaziland et la Tanzanie, a reçu un par un les protagonistes. Le président Mbeki s'est également entretenu avec les trois hommes, séparément. Mais aucune réunion ne les a rassemblés pour une reprise des pourparlers, selon des sources concordantes. Pouvoir et opposition s'affrontent sur la répartition de compétences au sein de l'Exécutif, la durée d'un gouvernement de transition et la nature des réformes constitutionnelles et électorales à engager. La situation semblait bloquée hier. Robert Mugabe n'entend pas céder ses prérogatives et Morgan Tsvangirai refuse tout accord qui ne reflèterait pas la «volonté du peuple» exprimée le 29 mars. «Il vaut mieux pas d'accord qu'un mauvais accord», a-t-il déclaré au quotidien New York Times, dans une interview accordée samedi en marge du sommet.