Le palais royal continue de voir en la réouverture des frontières un détail au lieu d'un élément essentiel. Le pouvoir de Rabat tente, à chaque fois qu'il est acculé par ses options expansionnistes au Sahara occidental, de faire payer les ressortissants algériens installés chez lui en leur endossant la responsabilité de ses échecs diplomatiques. Ces derniers jours, le harcèlement de nos compatriotes est devenu une pratique courante usitée tant par l'administration que par les services de sécurité. Plusieurs Algériens ont éprouvé mille difficultés pour établir leurs documents administratifs arrivés à expiration. Ces pressions ne constituent pas une nouveauté puisqu'on se rappelle qu'au lendemain de l'attentat de Marrakech en 1994, le palais royal avait trouvé en nous le bouc émissaire tout désigné pour braquer l'opinion publique internationale sur l'Algérie. Les autorités de Rabat avaient continué dans leur attitude belliqueuse à l'égard de l'Algérie au point d'instaurer le visa d'entrée à nos compatriotes. Cette mesure avait, on se rappelle, contraint notre gouvernement à l'époque à décider, conformément au principe de réciprocité, la fermeture des frontières le 31 août 1994. Depuis, il ne se passe pas un jour sans que les autorités de Rabat fassent un pas de plus vers l'escalade. Ainsi donc, certaines informations ont laissé entendre qu'environ 1000 ressortissants algériens auraient été approchés par les services de Sa Majesté pour les inviter à opter pour la nationalité marocaine. Cette animosité est caractérisée aussi par une campagne médiatique acharnée et un travail de sape contre les intérêts algériens à travers le monde. Ces difficultés sont vécues par certains investisseurs algériens qui sont soumis, ces derniers jours, à une multitude de pressions de la part des agents du fisc marocain. D'autres informations font état de 600 litiges opposant des investisseurs algériens à des Marocains dans le cadre de sociétés mixtes qui auraient été tranchés en faveur des Marocains par la justice de ce pays. On se rappelle quand le gouvernement marocain avait décidé d'annuler les mesures de nationalisation des terres agricoles prises dans le cadre de la révolution agraire et de restituer les terres nationalisées à leurs propriétaires. Cette mesure avait permis aux agriculteurs marocains de récupérer leurs terres, mais pas aux Algériens qui continuent de les réclamer. Le cas de la famille d'un ex-ministre algérien, réfugiée au Maroc pendant la guerre de Libération, est édifiant à plus d'un titre, puisque, à ce jour, ses terres sont considérées comme habous et restent gérées par le Trésor public. Nos voisins ne nous pardonnent pas notre position de principe dans le conflit du Sahara occidental tout comme ils ne nous pardonnent pas les 3,5 milliards de dollars qu'ils ont perdus à cause de la fermeture de nos frontières Ouest ou encore le filon des 500.000 touristes algériens qui faisaient la joie des commerçants marocains et qu'ils ont perdus depuis 1994. Le palais royal qui continue de voir en la réouverture des frontières un détail au lieu d'un élément essentiel dans ses relations avec l'Algérie, semble pour cette fois décidé à exercer des pressions sur les ressortissants algériens installés sur son territoire. Pis encore, il use de «coups tordus» comme l'introduction de grandes quantités de drogue en Algérie pour tenter de réactiver les réseaux de trafic d'armes qui ont alimenté les maquis terroristes. Certaines informations avaient même fait état de sommes en fausse monnaie algérienne que le Maroc aurait introduites via les réseaux de contrebande pour tenter d'affaiblir l'Algérie et de la pousser à épouser ses thèses tant politique qu'économiques. Ce sont là les grandes marques de fraternité que nous manifestent nos voisins de l'Ouest qui ne peuvent s'accommoder d'une Algérie forte, prospère et souveraine.