Socialement, la région est du Maroc vit une intense pauvreté depuis 1994 et, économiquement, une ouverture à l'ouest boosterait le tourisme marocain, durement touché par les effets de la crise financière internationale. Les marocains viennent de trouver une idée assez originale pour relancer leur demande incessante de réouverture des frontières terrestres avec l'Algérie, fermées depuis août 1994. Jusque-là, on est habitué à un discours beaucoup plus agressif sur l'Algérie, tant qu'il est très rare de voir le palais royal user d'un ton diplomatique, surtout lorsqu'il s'agit du dossier lié à la colonisation du Sahara occidental. Aujourd'hui, Rabat revient sur le terrain économique pour tenter de convaincre Alger de rouvrir les frontières avec une notion que l'on connaît tous, mais dont on ignore l'arrière-pensée lorsqu'elle vient du Maroc. “Une solution gagnant-gagnant à tous les niveaux”, propose le MAE de Sa Majesté en évoquant la question du libre-échange entre les pays de l'UMA qui, selon lui, demeure entravé par la fermeture des frontières. De prime abord, Rabat continue d'accuser Alger en le rendant responsable de la situation de blocage dans laquelle se trouve le Maghreb. Or, dans les faits, ce sont les marocains qui persistent dans leur politique de fuite en avant en continuant d'ignorer les résolutions des nations unies sur le dossier du Sahara occidental et l'organisation d'un référendum d'autodétermination. L'Algérie, qui soutient la lutte des peuples pour leur indépendance, considère que le Sahara occidental est un dossier pris en charge par l'ONU et que, par conséquent, elle ne pouvait tolérer la poursuite d'une injustice à ses frontières ouest. Ensuite, le chef de la diplomatie marocaine n'a donné aucune indication sur ce que pourraient bénéficier les uns et les autres dans ce marché de dupes. Il faut bien l'admettre. Si les marocains cherchent une ouverture des frontières et qu'ils en font leur principal cheval de bataille diplomatique afin de se donner une image d'un pays ouvert et qu'à l'opposé l'Algérie ne le serait pas, c'est seulement pour leurs intérêts socioéconomiques. Socialement, la région est du Maroc vit une intense pauvreté depuis 1994 et, économiquement, une ouverture à l'ouest boosterait le tourisme marocain, durement touché par les effets de la crise financière internationale. En attendant, Rabat pourrait faire preuve de bonne volonté en luttant sérieusement contre les cartels de la drogue. S. T.