La bombe qui a explosé mardi matin à Tafourah et qui a fait plusieurs blessés signifie, outre le fait que les terroristes n'ont aucun état d'âme, que le risque peut s'avérer plus dramatique si la vigilance n'est pas de rigueur. L'Algérois, aujourd'hui, craint un retour en force des massacres collectifs. Les citoyens, inquiets, reviennent sur l'épisode noir de la bombe du 29 août dernier à la Casbah dont la déflagration a fait 2 morts et 32 blessés. Ils ressassent également les souvenirs des autres bombes signalées en septembre et octobre derniers et qui ont été désamorcées de justesse aussi bien à El-Harrach, qu'à Rouiba ou encore, plus récemment, au quartier Meissonier. Il convient, dans ce sens, de souligner l'assiduité dont font preuve les groupes terroristes qui veulent, vraisemblablement, confirmer leur présence sur la scène nationale en dépit des dernières déclarations de Zerhouni faisant état de seulement 300 terroristes, toujours en liberté. Cette recrudescence terroriste nous indique également que les réseaux islamistes dans l'Algérois, endormis pendant quelque temps, sont désormais en éveil. Cela étant dit, il s'agit maintenant de savoir si ce réveil est simplement circonstanciel ou, au contraire, structurel. Sur la même lancée, autant se demander s'il s'agit-là d'une violence qui puise son essence dans les relais internationaux de l'islamisme armé ou dans l'éveil de certains agents dormants. Tout porte à croire, au premier abord, que les terroristes renouent avec la violence de manière à profiter des circonstances malheureuses que vit Alger depuis le samedi noir et qui la met au centre de l'actualité médiatique internationale. Une manière de hanter, de nouveau, les esprits et de prouver à l'Occident que la faillite des taliban en Afghanistan ne signifie nullement que ses relais à travers le monde soient brisés pour autant. Les bases arrière du terrorisme pourraient, il est vrai, jouer un rôle prédominant dans la reprise des actes terroristes en Algérie sauf que, maintenant que le GIA et le Gspc sont sur la liste des ennemis américains à combattre, cela équivaut à dire que la mobilisation internationale a encore du pain sur la planche. Ces actes ne sont que le miroir d'un combat idéologique international, motivé et capable de relever les défis. Si, en revanche, l'on conçoit que les réseaux islamistes à l'intérieur du pays ont eu le temps de se restructurer et ont dorénavant les moyens de répondre au discours étatique et mondial prévoyant la fin prochaine de l'islamisme armé, c'est dire que l'Etat doit vite abandonner une politique qui n'a pas porté ses fruits et commencer, donc, par ne plus se voiler la face en pensant qu'il existe de bons et de mauvais terroristes.