On a eu droit à une cérémonie de clôture aussi impressionnante qu'émouvante. C'est gonflés de l'orgueil légitime de leurs 100 médailles que la Chine et Pékin ont dit au revoir au monde au terme d'une monumentale et festive cérémonie de clôture, où David Beckham a presque volé la vedette à Yao Ming. Bien sûr, il y eut tous les ingrédients du traditionnel final olympique: les volontaires -innombrables-, les athlètes fatigués et moins nombreux, et une performance artistique qui ne pouvait guère, c'était joué d'avance, égaler la perfection unanimement reconnue de la cérémonie d'ouverture. Trop bien habitué, le spectateur pékinois a certes, coulé une larme avec Placido Domingo, Song Zuying et leur «Flame of Love», puis tremblé pour les 396 flamèches humaines, techniquement empilées sur une «Tour de la mémoire» pour symboliser le feu olympique après l'extinction de la flamme, ou voyager sur une place Tian'anmen virtuelle, reconstituée par des feux d'artifice. Sans atteindre toutefois le pic d'émotion ressentie quinze jours plus tôt, à l'orée des Jeux. Les meilleurs morceaux de cette ultime démonstration de force et de talent de la part des Chinois redoutés désormais autant pour leurs exploits sportifs que pour leur maîtrise technique et logistique, furent donc de brefs mais sincères moments d'émotion et de partage entre les citoyens des 204 pays représentés dans un stade à l'ambiance moite et étouffante. A cet égard, le passage de témoin entre Pékin et Londres fut l'un des instants les moins spectaculaires mais les plus sympathiques de la soirée. Perdu comme une grosse coccinelle sur un bord des 280.000 m² du Nid d'Oiseau piétiné par près de 10.000 personnes, le gros bus rouge à étage importé d'Angleterre a fait un vrai tabac, avec son toit en fausse pelouse duquel David Beckham, accompagné à la guitare par Jimmy Page, de Led Zeppelin, a lâché un pauvre tir censé signifier que les Jeux-2012 étaient lancés. Aucune ovation n'a été plus sincère que celle qui a accompagné le tir du footballeur le plus adulé d'Asie. Et aucune émotion plus palpable que lorsqu'une demi-douzaine d'athlètes sont montés, agitant leurs mouchoirs, au sommet d'une passerelle d'avion alors que l'écran géant du stade s'était transformé en tableau d'aéroport, après avoir projeté une image de tous les champions olympiques sacrés en Chine. Le monde, la caravane olympique en tout cas, va bien quitter Pékin pour Londres et laisser derrière elle des Chinois fiers d'avoir, en dépit de toutes les réticences passées, présentes et récurrentes, réussi leurs Jeux. Sur tous les plans. Comme l'a dit Jacques Rogge, président du Comité international olympique (CIO), dans une formule convenue, les Jeux de Pékin furent «véritablement exceptionnels».