Pour les partis politiques, ce front existe depuis 1992. L'implication de la société civile et de la classe politique dans la lutte contre le terrorisme est sans équivoque en 2008. La victoire sur le terrorisme sera «hâtée par la mobilisation de tous dans un front national solide», selon le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza dont les propos sont rapportés par l'APS. Un front pour vaincre le terrorisme. Un concept plutôt politique qui se traduit comment sur le terrain? Que nuance l'appel du représentant du gouvernement? Quelles sont les maillons faibles de ce front censé, théoriquement, se consolider chaque jour davantage par les 17 années de sang? M.Abderrahmane Saïdi, président du conseil consultatif du MSP, estime que ce front existe: «Il est bel et bien solide, uni et fort.» «Nous ne sommes plus dans les débuts des années 1990 durant lesquelles, certaines positions de personnalités politiques ou autres semaient le doute sur leur engagement dans la lutte contre le terrorisme», précise notre interlocuteur. «L'implication de la société civile et de la classe politique dans la lutte antiterroriste est sans équivoque en 2008. J'estime qu'il est temps de recentrer le débat vers le point essentiel: comment protéger notre jeunesse? Comment la sauvegarder et la protéger de la tentation du suicide.» Pour M.Saïdi, le jeune harraga et le kamikaze méritent le même intérêt: «Le moment est venu pour poser le véritable problème. A mon avis, si défaillance il y a, elle est au niveau de la sensibilisation des jeunes et de la prise en charge de leurs doléances», conclut-il. «La traîtresse» du terrorisme «sera contrée avec encore plus d'efficacité grâce à la vigilance de chaque citoyen où qu'il se trouve», a-t-il observé. Par ailleurs, selon M.Boukerzaza, «le recours par les terroristes aux attentats suicides à l'explosif est une menace contre laquelle la vigilance constitue une arme précieuse qui s'ajoute à l'engagement des forces de sécurité.» «C'est le cas» en Algérie comme c'est le cas (également) dans d'autres pays, «y compris développés», a-t-il remarqué. M.Boukerzaza rejoint le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qui, après chaque attentat, appelle à la mobilisation des citoyens pour contrer le terrorisme. Dans sa conférence de presse hebdomadaire de lundi, M.Boukerzaza a estimé que les attentats suicides sont la preuve que les groupes terroristes sont acculés par les forces de sécurité. Ils sont «aussi la preuve que les criminels sont à la solde d'organisations terroristes étrangères et que le sang des Algériens est ainsi versé au service de calculs et d'intérêts criminels étrangers à notre pays». Cependant, est-il indiqué de sources proches des milieux politiques concernés, nonobstant la situation ainsi induite, l'Etat maintient le choix de la Réconciliation nationale. Le ministre a en outre affirmé que «tout élément des groupes terroristes revenant à la raison est une menace en moins pour nos citoyens, car l'objectif stratégique reste la fin du terrorisme, par l'usage de la force de la loi ou par la prévalence de la raison». Le porte-parole du gouvernement a souligné d'autre part qu' «en même temps, l'Algérie poursuivra une lutte ferme contre les groupes terroristes». «Certes, l'émotion légitime des citoyens face aux crimes terroristes se comprend et se respecte. Mais le sens des responsabilités doit toujours prévaloir chez ceux qui ont le devoir de gérer les affaires du pays», a-t-il ajouté, en estimant utile de rappeler et de souligner «certaines réalités». «La barbarie terroriste a tragiquement sévi dans notre pays avant la Concorde civile et avant la Réconciliation nationale. Bien au contraire, ces deux étapes dans une démarche nationale salutaire ont fait reculer le terrorisme dans notre pays et ont surtout abouti à son rejet unanime au sein de notre peuple», a-t-il conclu.