Le petit argentin a marqué de son empreinte le tournoi de football. Premier à l'applaudimètre et dans le jeu, Lionel Messi a illuminé de sa présence le tournoi olympique de Pékin, offrant une victoire de facto sinon de jure aux sélections sur les clubs, qui rechignent de plus en plus à libérer leurs joueurs pour les compétitions internationales. Le prodige argentin a gagné haut la main le choc de titans annoncé contre son ami Ronaldinho, avec deux buts, plusieurs passes décisives - dont celle pour le but vainqueur de di Maria en finale - et une influence inégalée sur le terrain. Les éloges ont plu, les entraîneurs qui l'ont croisé l'ont craint et admiré. «Chaque fois qu'il a le ballon, il est d'une habileté incroyable, a reconnu le Néerlandais Foppe de Haan. J'aime Messi, même s'il joue pour l'adversaire». «Messi ne terrorise pas seulement notre équipe, mais toutes les équipes en Europe», a renchéri le Nigérian Samson Siasia. Il n'a pas marqué mais il a créé beaucoup d'occasions. C'est pourquoi nous avons l'argent et eux (les Argentins) l'or. Mais la belle histoire «messianique» relève presque du miracle. La préparation du tournoi et ses prémices avaient, en effet, été marquées par la guérilla juridique entre clubs et Fifa autour du séjour pékinois de certains joueurs, même s'ils avaient moins de 23 ans, âge limite pour participer aux JO (excepté trois joueurs par équipe). Côté clubs, le FC Barcelone, le Werder Brême et Schalke 04 contestaient devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) le caractère contraignant de la convocation de leurs joueurs (Messi et les Brésiliens Diego et Rafinha). Et le TAS leur a donné gain de cause. Mais tardivement, et la compétition déjà commencée, si bien qu'ils durent s'incliner devant le fait accompli, en échange de compensations notamment liées à la prise en charge des assurances. La Fédération internationale, elle, s'appuyait sur le droit coutumier qui prévalait jusqu'alors, d'où sa défaite dans ce bras de fer. Son président Joseph Blatter a, d'ores et déjà, programmé une rencontre avec le Comité international olympique (CIO) pour remettre à plat la question du football aux JO. Avant de sans doute adapter les règlements pour éviter que cela ne se reproduise. «Laissez jouer les joueurs!», avait lancé Blatter. Le tournoi renversant de Messi lui aura donné raison. Dans une moindre mesure, Diego, a lui aussi, étalé son talent, prenant l'ascendant dans le jeu sur son capitaine Ronaldinho, qui n'en a pas encore terminé avec ses démons (surpoids, lenteur). Messi n'était pas sorti indemne du conflit. Sa décision, annoncée au début de la polémique, de se «conformer à l'avis du TAS» quel qu'il soit avait suscité de féroces critiques en Argentine et des doutes sur sa motivation réelle à porter le maillot blanc et ciel, sacré plus que tout autre du côté de Buenos Aires. «On a dit beaucoup de choses qui m'ont embêté avant que j'arrive en Chine, a dit Messi après la finale de samedi. Je n'ai jamais dit non à la sélection. La sélection, c'est ce qu'il y a de plus grand.» Diego Maradona lui-même s'est félicité de cette victoire pour les sélections. Tout en observant que les clubs en seront également les bénéficiaires: «Barcelone ne voulait pas laisser partir Messi, mais quand il rentrera avec sa médaille d'or au cou, sa valeur marchande aura augmenté.»