Le RND a-t-il perdu ses sponsors dans le pouvoir, pour être traité par la télévision au même titre que les autres partis? La question mérite d'être posée, quand on fait la lecture de cet incident qui a éclaté au milieu de la campagne électorale. En effet, l'intervention d'une représentante du parti d'Ouyahia, programmée dimanche dernier à 19h 40, a finalement était diffusée en fin de soirée (23h 40). Une intervention d'autant plus importante qu'elle a été faite en tamazight et était attendue aussi bien en Kabylie qu'à l'étranger. L'oubli était de taille pour que le secrétaire général RND adresse des lettres de protestation l'une au président de la commission de surveillance des élections législatives, M.Bouchaïr, et l'autre au directeur de la télévision, M.Hamraoui Habib Chawki. Le RND a finalement reçu l'assurance que l'intervention sera rediffusée dimanche prochain à la même heure. Le DG de l'Entv a d'ailleurs présenté ses excuses par téléphone à Ouyahia et à l'ex-ministre Harchaoui, tête de liste RND à Alger en leur promettant que ce genre d'incident ne se reproduira plus. Cette affaire médiatique, voire électorale, a néanmoins relancé la question sur les réels soutiens du pouvoir au Rassemblement national démocratique. Car, depuis l'affaire Fadène à l'APN où le député du RND a failli perdre sa place de membre du Parlement au Conseil constitutionnel au profit d'un député du MSP à cause justement du retrait du FLN, les choses n'ont fait qu'empirer politiquement pour le secrétaire général du RND Ahmed Ouyahia. Devant l'absence d'une alliance politique réelle avec le FLN, le RND se retrouve à découvert et avec une fausse garde face à tous les coups. La récente campagne politique initiée contre Ouyahia par les exclus des listes électorales procède d'une volonté de vouloir casser le parti. Un parti qui restera grand, nous a affirmé hier, M. Chihab Seddik, l'homme de confiance d'Ouyahia: «Imaginez que le RND n'existe plus, qu'il soit effacé du paysage politique, pensez-vous que le FLN tiendra le coup face à des partis aussi structurés et disciplinés que le MSP ou El-Islah?» De son côté, l'ancien ministre des Finances et tête de liste à Alger, M.Harchaoui, souhaite que le FLN «prenne la majorité avec 200 sièges. Vous verrez alors s'il tiendra le coup». En définitive, le RND et le FLN serviront d'équilibre pour le maintien des forces politiques en présence. Il est clair que cette affaire de déprogrammation du discours a avantagé les militants du RND qui se sont rendus en nombre au siège de la wilaya d'Alger pour apporter leur soutien à Ouyahia et construire cette base électorale qu'un certain petit parti achète à coups de millions de centimes.