Les capitaines d'industrie ont mis la main à la poche, sans retenue, pour assurer la victoire à leurs poulains. D'où vient l'argent de la campagne électorale? En d'autres termes, qui finance cette campagne dont le prix devient de plus en plus lourd? L'affichage, les prospectus, la location de la sonorisation, les déplacements, l'hébergement et la restauration et même les galas exigent de l'argent, on le sait. Mais qui débourse? On sait également que les candidats mettent la main à la poche mais au vu du montant, on est tenté de croire que d'autres financements existent et que tout se fait sous le manteau. Toutes ces questions méritent d'être posées à la veille des élections locales et la problématique a été soulevée lors des législatives. Nombreux en effet, sont les candidats aux mairies qui succombent à la puissance de l'argent pour se retrouver entre les griffes des capitaines d'industrie. La campagne électorale pour les locales du 29 novembre va bientôt commencer. Des partis comme le FLN, le RND, le MSP et indépendants ont déjà entamé cette campagne sans se poser la moindre question sur le respect des textes de lois régissant le financement et l'utilisation des moyens publics à des fins électorales. A considérer la situation de certains candidats connus de tous, on se demande comment financeront-ils leur campagne sachant qu'ils n'ont même pas de salaire? D'où le risque de céder aux pressions des réseaux de financement occultes. Moyennant des promesses sur certains sujets liés à la gestion des collectivités, des financiers se mettent de la partie. Ils assurent tous les frais de la campagne moyennant des chantiers que devrait accorder le candidat qui sera élu. Tout cela au détriment d'une compétition saine et d'une concurrence loyale. Commence alors une corruption qui ne dit pas son nom. Si, par le passé, le RND, le FLN peuvent se partager le soutien financier important de certaines organisations satellites du pouvoir, telles que l'Onec, l'ONM, l'Ugta, le Croissant-Rouge et celui du ministère de la Solidarité, aujourd'hui, la donne politique a changé. C'est aux candidats de financer leur propre campagne électorale. Et au cas où ils seraient élus l'Etat leur remboursera 60% des frais. En fait, la loi électorale algérienne interdit le financement privé. Elle autorise, en revanche, une subvention de l'administration au prorata du nombre d'élus par parti. Ainsi la subvention est perçue après les résultats des élections. En attendant, les frais de la campagne électorale sont à la charge du candidat. La situation est en train de se transformer en celle du lobbying financier local alors que le mode de financement de la campagne électorale est codifié par la loi. Les dépenses électorales sont plafonnées. En plus de l'aide étatique, les candidats ne doivent pas dépasser un seuil dans leurs dépenses. Si le législateur tente de garantir une équité entre les candidats en les mettant sur un pied d'égalité, il n'en est pas de même dans la réalité. Théoriquement donc, les candidats ne peuvent pas aller dans ce financement au-delà du million de dinars. Si la problématique du financement de la campagne électorale reste posée, il en est de même pour l'exploitation des moyens publics à des fins électoralistes. Cette question a d'ailleurs été soulevée par des militants du FLN au niveau de la kasma de Chemini (Béjaïa). Ils ont dénoncé «le silence observé par les autorités locales concernant la restitution du véhicule de la commune par le sortant et non moins candidat aux élections municipales». Ceci, ajoutent les rédacteurs, «en dépit de la notification qui lui a été faite par la daïra». Le cas de Chemini en matière d'exploitation des moyens publics à des fins partisanes n'est certainement pas unique en Algérie. Des responsables élus, et non moins prétendants à un nouveau mandat électoral à la faveur du prochain scrutin, continuent à user des moyens publics pour la promotion de leur candidature, cela au vu et au su de tout le monde, dépassant ainsi le cadre de la loi qui interdit cet abus. L'administration, qui a la charge d'intervenir, se fait discrète. C'est ce qui fait réagir d'autres candidats en course jugeant la situation inéquitable.