La hausse vertigineuse des dépenses publiques n'a pas dissuadé le président Bouteflika à prendre davantage de mesures à caractère social, en vue de désamorcer la colère qui s'exprime çà et là et de réparer des injustices subies par certaines catégories de citoyens. Lors du Conseil des ministres de la rentrée sociale, qui coïncide cette année avec le début du Ramadhan, le chef de l'Etat a tranché au profit d'une revalorisation des pensions de retraite, notamment celles des moins lotis. Le déficit de la caisse des retraites ne devrait pas être supporté par les retraités. La paix sociale a un prix. Le président Bouteflika est prêt à le payer : “Autant j'insiste auprès du gouvernement pour la rationalisation de la dépense publique et la lutte contre le gaspillage des deniers de l'Etat sous toutes les formes, autant j'insiste également pour que notre population, qui doit certes se mobiliser et se mettre davantage au travail, ne voit pas sa condition sociale se dégrader réellement, et pour que notre politique de solidarité soit toujours active, juste et efficace.” Jusque-là, les subventions de l'Etat, aux prix des produits de première nécessité, comme le lait ou le pain, représentent un facture annuelle de près de 200 milliards DA pour le budget. À cela s'ajoutent les différentes aides à la création d'emplois au bénéfice des chômeurs ainsi que l'augmentation de l'allocation forfaitaire de solidarité relevée l'été dernier, de 1 000 à 3 s000 DA par mois. En plus, Bouteflika a demandé au gouvernement de mettre en œuvre deux mesures votées dans la loi de finances de l'année dernière. Il s'agit d'abord de la prise en charge du transport du malade évacué pour des soins complémentaires, d'une structure de santé publique de l'une des wilayas du Sud vers une structure publique de santé au nord du pays. “C'est là un acte de justice et d'équité entre les citoyens auquel j'accorde de l'importance”, dira-t-il. Lorsqu'on sait qu'un billet d'avion Alger-Tamanrasset se situe autour de 30 000 dinars, on imagine un peu la souffrance des malades chroniques devant faire plusieurs déplacements par mois à Alger. La deuxième mesure concerne la mise en œuvre de la bonification des taux d'intérêt des crédits bancaires, à hauteur de 3%, au profit des fonctionnaires qui acquièrent leur domicile principal. Pour revenir au dossier des retraités, le chef de l'Etat a donc, tranché, en faveur d'une application immédiate de la revalorisation annuelle des retraites, qui devait être mise en place depuis le 1er mai dernier. En outre, Abdelaziz Bouteflika, a chargé le gouvernement de prendre les dispositions appropriées pour la mise en œuvre, à partir du 1er janvier prochain, des mesures de solidarité qu'il a décidées, au bénéfice de retraités titulaires de pensions ou d'allocations modestes. Ces mesures consistent en une augmentation de 5% de l'aide publique aux pensions directes et pensions principales de réversion inférieures à 11 000 DA au profit des retraités salariés qui ont déjà bénéficié en juillet 2006 de premières mesures de solidarité. Le total des bénéficiaires de ces nouvelles mesures de solidarité édictées par le président de la République est d'environ 1050 000 personnes. Ces mesures sociales, qui s'ajoutent à celles déjà en cours d'exécution, à l'image de l'opération couffin du Ramadhan, qui a nécessité une enveloppe de 3 milliards de dinars, viennent alourdir davantage les dépenses publiques, au point où certains se posent la question sur les limites de la magnanimité de l'Etat. Mais, d'un côté, ces mesures sociales constituent une sorte de compensation aux différents manquements de l'Etat. Des retraités sont les derniers à bénéficier des revalorisations de leurs pensions, ils subissent, en fait, les conséquences du déficit de la caisse des retraites, et c'est toujours l'Etat providence qui intervient. Des malades sont contraints de faire des milliers de kilomètres chaque semaine pour des séances de chimiothérapie ou des consultations qui ne se font que dans la capitale et les grandes villes, faute de disposer de structures à même de les prendre en charge près de chez eux. Azzeddine Bensouiah