Dans son projet de loi de finances pour l'année 2006, l'affectation des budgets de l'Etat, loin de déroger à la régle, continue à pourvoir des secteurs réputés être budgétivores en sommes conséquentes. Il en ressort de la lecture de l'état de répartition par département ministériel des crédits ouverts au titre du budget de fonctionnement pour 2006 la primauté du secteur de la défense nationale qui se voit allouer la somme avoisinant les 225 milliards de dinars, suivi de celui de l'éducation nationale avec près de 223 milliards de dinars. L'importance de ces deux secteurs sensibles et essaimés à travers tout le territoire national explique leur prééminence dans l'affectation des budgets nonobstant leur importance sur le plan des ressources humaines. Si l'intérieur et les collectivités locales se voient allouer près de 174 milliards de dinars, le budget alloué au département des Moudjahidine de quelque 111 milliards de dinars laisse pantois plus d'un observateur. Comparativement à l'année 2005, les quatre départements ont connu des augmentations budgétaires : de l'ordre de 15 milliards de dinars pour la défense nationale, 8 milliards de dinars pour l'éducation nationale, près d'un milliard de dinars pour les Moudjahidine et quelque 64 milliards de dinars pour le département de l'intérieur et des collectivités locales. Le département de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique se voit allouer un budget de près de 86 milliards de dinars, soit près de 7 milliards de plus qu'en 2005. Celui de la santé, de la population et de la réforme hospitalière a été doté de près 71 milliards de dinars contre 63 milliards de dinars en 2005. Des secteurs sous-dotés A se fier aux différents états de répartition budgétaire prévu dans ce projet de loi de finances 2006, il en ressort qu'en dépit d'une baisse sensible des charges communes des différents départements ministériels passant de 182 milliards de dinars en 2005 à environ 166 milliards de dinars en 2006, les montants alloués pour le fonctionnement de ces départements passent de 1200 milliards de dinars en 2005 à 1284 en 2006 sur un total du budget de l'Etat prévu dans l'avant-projet de loi et qui s'élève à quelque 2 632 milliards de dinars. Etabli sur la base d'un baril de pétrole à dix-neuf dollars, le gouvernement affecte près de 1 349 milliards de dinars aux dépenses d'équipement, lesquelles enregistrent une augmentation de 28% par rapport à 2005. Si le gouvernement se donne comme objectifs l'encouragement de l'investissement et la création d'emplois, ainsi que la diversification des sources de financement des activités économiques dans un pays monoexportateur d'hydrocarbures et dont la rente provient à 98% de ce secteur stratégique, des secteurs aussi sensibles que ceux déjà précités continuent à se voir sous-dotés, à en croire même leurs responsables. Si les départements de la culture, de la jeunesse et des sports, du tourisme, pour ne citer que ceux-là, ont toujours été considérés comme les parents pauvres des politiques budgétaires nationales, même le nouveau ministre du Commerce s'est déjà plaint lors d'une de ses sorties médiatiques de l'inconséquence du budget alloué à son secteur arguant des multiples défis qui attendent son département dont, entre autres tâches, la lutte contre la gangrène du commerce informel. Dans le projet de loi de finances 2006, le département d'El Hachemi Djaâboub bénéficie d'un budget de fonctionnement de près de 3 milliards de dinars, soit de 200 millions de dinars de plus que l'année précédente. Si des secteurs dits entraînants de l'économie continuent encore à subir une austérité budgétaire, le département de Ould Abbas semble avoir le vent en poupe. Au nom de la solidarité Passant de près de 37 milliards de dinars en 2005 à près de 48 milliards de dinars en 2006, ce département a donc bénéficié d'une rallonge budgétaire par rapport à l'année précédente d'une manière assez sensible que l'on peut se demander sur quel registre de l'emploi et/ou de la solidarité on va la mettre. Le gouvernement a-t-il greffé à ce département de l'emploi et de la solidarité nationale le coût de la réinsertion sociale des « égarés » et le coût de « la réconciliation nationale » ? D'autre part, il est utile de préciser que le budget de fonctionnement de la plus haute instance de la République, à savoir la Présidence, est de près de 4,5 milliards de dinars pour 2006, soit un demi-milliard de dinars de plus qu'en 2005. Les services du chef du gouvernement coûteront au contribuable algérien près de 1,9 milliard de dinars, soit 124 millions de dinars de moins que l'année précédente. Soit aussi un peu moins de la moitié du budget réservé au fonctionnement du département du tourisme. Par ailleurs, le projet de loi de finances pour 2006, dans l'état de répartition par secteur des dépenses, fait ressortir un budget d'équipement de près 2 377 milliards de dinars en autorisation de programme (AP). Les AP pour les infrastructures économiques et administratives s'élèvent à 1 167 milliards de dinars sur un total investissement en AP de quelque 2221 milliards de dinars.