Le ministre des Finances affirme que le transfert des capitaux des sociétés étrangères activant en Algérie se fait d'une manière légale. La nouvelle taxe sur les véhicules neufs ne sera pas abrogée. Le gouvernement est catégorique: «La taxe est maintenue. Il n'y a aucune raison objective qui pousse le gouvernement à revoir sa décision. Ce que certains organes propagent, relève de la rumeur», a précisé hier le ministre des Finances, M.Karim Djoudi, en marge de l'ouverture de la session parlementaire de printemps. Le niet est confirmé quelques minutes après par le chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, au Sénat, qui, approché par L'Expression, a déclaré que la «rumeur reste une rumeur». Mauvaise nouvelle donc pour l'Association des concessionnaires qui a espéré un recul de la part du gouvernement. A travers les déclarations des deux responsables, le gouvernement envoie un message ferme aux parlementaires dont certains ont exprimé leur intention de proposer l'annulation de cette taxe dans la loi de finances pour 2009 qui sera soumise au bureau de cette institution dans quelques jours. Djoudi, le premier responsable du secteur des finances, rappelle que l'objectif principal du gouvernement à travers l'instauration de cette taxe, est de subventionner le transport public. Un argument peu convaincant, selon l'Association des concessionnaires et les citoyens qui ont perçu cette mesure comme une sanction. Il faut rappeler qu'en plus de cette taxe, les concessionnaires agréés devront verser annuellement 1% de leur chiffre d'affaires au Trésor public. Les deux mesures devront rapporter en termes de chiffres au gouvernement 6 à 7 milliards de DA. Rappelons que le gouvernement a accordé une seule exception, pour les moudjahidine. Ces derniers, en vertu d'une note signée cette semaine par le ministère des Finances, ne sont pas soumis à cette taxe. Sur un autre chapitre, le grand argentier a tenté de rassurer les investisseurs étrangers sur les intentions du gouvernement. Il a fait savoir que les autorités n'ont aucunement pour objectif de freiner les investissements. Les dernières mesures prises dans ce domaine visent à mieux encadrer l'activité des investisseurs. Il citera, sur sa lancée, la prorogation des périodes d'exonération d'impôt sur le revenu global (IRG) et d'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) pour les opérations boursières, le soutien à la lutte contre le chômage à travers l'extension de l'exonération d'impôt sur le revenu global (IRG) aux bénéficiaires des microcrédits d'investissements de l'Agence nationale de gestion des microcrédits (Angem). Djoudi a tenu néanmoins, à mettre fin à la polémique sur le transfert des capitaux des sociétés étrangères. Il dira dans ce sens: «Je ne pense pas qu'il existe des fuites de capitaux d'une manière illégale. Tous les transferts sont contrôlés.» Ce qui constitue un appui fort pour le gouvernement. Le ministre ne s'arrête pas là. Il a souligné qu'«il est tout à fait du droit des entreprises étrangères ou de leurs filiales de transférer leur argent à l'étranger». Le représentant du gouvernement atteste que les mesures prises dans la loi de finances visent à encadrer cette opération, cela à travers le renforcement des moyens de lutte contre la fraude fiscale, notamment l'assimilation des bénéfices transférables vers l'extérieur par les succursales aux sociétés mères établies à l'étranger, à des dividendes imposés à 15%, l'imposition spécifique des plus-values de cession d'actions et de parts sociales par des non-résidents, la création d'un service des investigations fiscales chargé d'intervenir au niveau national contre les sources de fraude et d'évasion fiscale. Djoudi est revenu sur la situation monétaire internationale, la qualifiant «d'extrêmement délicate». «Cela, note-t-il, exige de nous d'agir avec beaucoup de prudence en termes de choix économique». Cette prudence sera concrétisée notamment à travers «la rationalisation des dépenses». «Il ne faut pas qu'on perde de vue que l'économie nationale est financée exclusivement par l'argent du pétrole». Deux principaux points sur lesquels a insisté le chef de l'Etat, lors du dernier Conseil des ministres. En effet, approché en marge de l'ouverture de la session d'automne du Parlement, le chef du gouvernement a reconnu que Abdelaziz Bouteflika a rappelé à l'ordre son staff: «Je suis convaincu qu'ils feront de leur mieux pour rattraper les retards affichés jusqu'ici dans la réalisation du programme de développement», soutient-il. Concernant la situation financière du pays, Djoudi a rappelé que la dette extérieure publique de l'Algérie a baissé à 600 millions de dollars. Quant à la dette intérieure, elle a atteint les 900 milliards de dinars. Il précisera que le fonds de régulation qui a atteint les 4300 milliards de dinars, sert à payer la dette extérieure et à financer le déficit budgétaire.