Aucune rencontre n'a eu lieu avec la population et surtout aucun programme n'a été défendu. Les candidats, face à une population, rejetant les élections ne savent plus quoi faire pour conjurer le mauvais sort. La campagne électorale piétine sérieusement en Kabylie. Hormis le «montage» de Mohamed Chérif Taleb du PNSD qui aurait ramené un bus plein de monde pour lui tenir un discours à Draâ Ben Khedda, la tentative avortée des indépendants d'animer des meetings aussi bien à Tizi Gheniff qu'à Bouzeguène et Tizi Ouzou, une esquisse d'affichage de la liste RND à Draâ Ben Khedda, aussitôt lacérée, salie ou recouverte par d'autres affiches du mouvement citoyen, et une timide rencontre MSP-MSP à la salle omnisports de Draâ Ben Khedda, où un membre du majliss echoura de Nahnah accompagné de la seule tête de liste du mouvement en Kabylie, un certain Mouhah «prêchait la bonne parole», à quelques ouailles qui n'en menaient pas large, la campagne électorale est inscrite aux «abonnés absents» en Kabylie. Onze partis et une liste indépendante sont sur la ligne de départ. L'intention de beaucoup est de séduire la Kabylie en promettant tout ce qui est alléchant, pour se faire élire, souvent, député d'une région que l'on ignore. Comme c'est le cas du chef du PNSD qui estime «être en mesure» d'attirer les foules, que d'aucuns lui auraient dit «être en déshérence!». L'espoir de se voir «choisis» à la faveur de l'absence de la course des grosses cylindrées, a visité, également plusieurs, qui jusque-là, étaient sinon d'illustres inconnus du moins des personnes insignifiantes sur la scène politique. Ils ont juste oublié que la région n'est pas encore sortie d'une longue, dure et sanglante protesta. Les plaies sont encore vives et le deuil des dizaines de blessés pas encore vraiment entamé pour que la Kabylie pense à un quelconque scrutin. Aussi, c'est pratiquement une campagne sans relief, menée par des formations sans assise réelle qui se déroule en Kabylie. Aucune liste de candidats, hormis celle du RND, publiée dans la presse, n'est rendue publique, aucune rencontre n'a eu lieu avec la population et surtout aucun programme n'a été défendu. C'est un peu comme si, au jour du scrutin, les éventuels électeurs se devaient de jouer à pile ou face. Mieux encore et malgré la gravité de l'heure, avec cette menace de dérapage qui pèse sur les législatives, il s'est trouvé des... candidats, qui, mal placés sur leur liste ou tout simplement ne pouvant assumer publiquement leur engagement, font mine de «se retirer». Pourtant, ils savent bien que légalement cette «porte de sortie» n'est pas prévue par la loi. Ou bien, ils sont sincères et démontrent ainsi qu'ils ignorent la loi... (pour de futurs législateurs ou mieux, ils mentent au peuple, et c'est encore plus grave!). Dans ce genre d'exercice, il faut le souligner, le peuple n'est pas dupe. Il sait reconnaître ceux qui ont l'habitude de sentir... d'où vient le vent! D'autres, qui se sentent plus «combatifs» ont décidé de passer outre la volonté de la population et, ainsi de s'affirmer comme des gens à principes. C'est, en effet, la liste indépendante qui voulait, contre vents et marées, animer un meeting, jeudi au stade Oukil-Ramdane de Tizi Ouzou. Malgré l'information qui a circulé, notamment, par le biais du bouche à oreille, aucun citoyen n'a jugé utile de se déplacer sur les lieux du meeting. Mieux encore, l'initiateur a été hué et conspué par des jeunes. Ainsi donc ayant définitivement mis le cap sur le rejet des élections, la population de Kabylie se détourne totalement de tout ce qui entoure le scrutin du 30 mai. Toutes les personnes approchées se disent non concernées.