Un FLN rénové prêt à affronter les obstacles qui lui ont, jusqu'ici, barré le chemin de son adaptation au monde moderne. Un peu comme Mouloud Feraoun dans son rôle d'instituteur de campagne, Ali Benflis, le secrétaire général du parti FLN, donne, depuis quelques jours, dans le cours magistral pour expliciter ce qu'est le Front de libération nationale d'aujourd'hui. Un FLN rénové, refondé même, un terme qu'il a employé une seule fois pour dire que sa formation repartait sur de nouvelles bases en s'ouvrant sur des horizons aussi divers que la jeunesse, la femme, l'emploi, les droits de l'Homme, la culture, la liberté d'expression, la démocratie, le multipartisme, la protection de l'environnement, mais l'environnement défini autrement qu'en termes théoriques le plus souvent empruntés à la logomachie occidentale, sans pour autant oublier la croissance économique, les technologies modernes, etc. Maintenu des années durant sous le boisseau pour des raisons que l'opinion publique n'a pratiquement jamais pu élucider, le parti du FLN rappelle, dans la campagne en cours, la victime d'un grand accident de l'histoire qui, en sortant du coma des années plus tard, découvre en retrouvant ses facultés cognitives, qu'elle a tellement de choses à rattraper. Mais s'il est un phénomène, en fait deux, à signaler pour permettre aux Algériens d'apprécier les pas de géant qu'elle a parcourus en si peu de temps, ce sont la jeunesse et la femme. Deux sujets dont Ali Benflis a fait son leitmotiv. La jeunesse pour qui, il rappelle, en exhortant les citoyens à lire le programme du FLN nouveau, qu'il s'engage à ouvrir un avenir pour la réveiller et lui donner sa chance de participer plus franchement dans l'aventure de la connaissance, le sport, la croissance, la culture en lui suggérant d'apprendre ce que liberté veut dire, en faisant allusion à celle (la liberté) qui se décline aussi diversement que l'ensemble des aspects séparant l'homme de l'animal. «Le parti unique est mort. Vive le FLN démocratique.» L'ancien procureur de la République ne fait pas ici un réquisitoire pour extirper de la société un péril ou une tare dont l'existence a tardé à être mise au jour, mais il plaide. Il plaide pour restituer aux jeunes Algériens (filles et garçons) l'espoir qui leur a manqué et qui, dans l'intervalle, les avait transformés en candidats désespérés de l'émigration à outrance. A Drean dans la wilaya d'El-Tarf, près de 5000 personnes sont venues jeudi dernier l'acclamer, mais surtout l'écouter développer le programme du FLN dans ce qu'il a d'essentiel à résoudre si ses listes étaient sanctionnées par le plus nombre de suffrages qui lui permettraient d'envoyer le maximum de représentants à l'APN. Car sans cette incontournable condition, la politique en faveur de la jeunesse, prise au masculin-féminin, politique qui figure en gros caractères dans son programme, ne trouvera pas de réponses dans une échéance dont personne ne prendrait le risque de fixer la date avant longtemps. A Guelma et plus tard dans la journée à Aïn Beïda, les mêmes thèmes ont repris leur résonance dans des salles où, comme à Guelma, près de 7000 personnes ont assisté au cours magistral qu'était venu donner Ali Benflis sur le thème d'un FLN complètement revu et corrigé, un FLN rénové prêt à affronter les obstacles qui lui ont jusqu'ici barré le chemin de son adaptation au monde moderne. Partout la même image de femmes et d'hommes liés par la même ferveur de participer pour la première fois à quelque chose d'inédit. Trois rendez-vous durant lesquels les citoyens n'ont pas été avares pour manifester leur enthousiasme et leur reconnaissance à celui qui était venu de loin leur offrir des raisons de s'accrocher à la vie en leur rappelant que la fin de la crise que vit le pays depuis 10 ans s'accélérerait s'ils le désiraient à condition que chacun d'entre eux sache faire le bon choix le 30 mai prochain. Enfin la manière choisie par Ali Benflis pour communiquer ne se limite pas, loin s'en faut, aux seuls meetings programmés. A chaque halte, il organise une conférence pour répondre aux questions de la presse locale et aux envoyés spéciaux qui l'accompagnent. C'est généralement une occasion en or pour les correspondants locaux qui n'ont pas souvent l'occasion de s'offrir comme «victime expiatoire» un secrétaire général ouvert au dialogue. Mais généralement, ce sont les mêmes questions qui reviennent comme par exemple «irez-vous en Kabylie pour soutenir vos candidats?» ou encore «Que pensez-vous du RND?» etc, des questions auxquelles il avait pris soin de répondre dans les mêmes circonstances, dans d'autres localités. Mais comme, d'une wilaya à l'autre, les journalistes sont libres de se répéter, les questions posées sentent très souvent le réchauffé. Mais qu'importe...