Le poète de la Kabylie a su, encore une fois, émouvoir par la finesse et la subtilité de son langage, le coeur des mélomanes. Mardi dernier, dans la soirée, à la salle El Mougar, Lounis était reçu comme il se doit. Le public lui a réservé un accueil des plus chaleureux ponctué par quelques accolades et embrassades avec ses admirateurs dont l' engouement était, jusqu'ici, réservé seulement aux personnalités respectueuses. Aït Menguellet, le virtuose, interprète et compositeur de la chanson kabyle, a encore une fois, envoûté ses fans. Il a conquis les coeurs de toute l'assistance durant cette soirée «spécial Ramadhan» que l'Office national de la culture et de l'information a organisée à l'occasion du mois sacré. Après El Adhan, les mélomanes se sont précipités vers les lieux de réservation pour se procurer des billets afin de renouer avec les airs nostalgiques de leur idole de toujours. Les retardataires ont toujours tort, puisqu' en un rien de temps, le guichet fut déjà fermé. A l'intérieur, la salle s'est transformée en un véritable hammam. Même les coins et les zones circulatoires (escaliers et couloirs) étaient occupés. On notera que cette salle n'est pas en mesure d'accueillir un artiste de sa trempe. Accompagné par ses fidèles musiciens, Chabane Ben Amer à la derbouka, Said Ghazli au bendir, Rabah Tissilia à la rythmique et son fils Djaffer au synthé et de temps à autre à la flûte, le poète a su donner de la chaleur, en bercer plus d'un dans son corps ou dans son âme. Le philosophe et poète de la Kabylie a su, encore une fois, toucher par la finesse et la subtilité de son langage, les coeurs des mélomanes. D'ailleurs, pour satisfaire l'assistance, il a réparti son répertoire en deux parties, la première consacrée aux textes d'amour ou les années d'or comme aiment les appeler ses fans tels que: Ah El Ouiza, Athine Ighavane Felli...La seconde partie, ce sont les chansons engagées tel que Athakvailith, JSK, Ammi... Certainement, la poésie avait envahi ces coeurs fragiles très tôt, emporté leurs pensées et laissant leurs jeunes âmes hypersensibles. En l'écoutant attentivement, on déduit que l'artiste est un observateur lucide et implacable. Portant en soi, une grande générosité. Il faut dire qu'une flamme ne cesse de brûler en cet homme discret qui semble être au fait des évènements malgré tous les problèmes qu'il endure. Dès son enfance, l'artiste révèle des qualités exceptionnelles, une remarquable maîtrise du mot, un sens inné du dessin et une imagination pleine de grâce et d'élégance. C'est en 1967 que les potentialités artistiques d'Aït Menguellet de son vrai nom Abdenbi, ont été révélées au public, par l'émission «les chanteurs de demain» de la Chaîne II de la Radio nationale, animée alors par Chérif Kheddam. Ce qu'on constate aussi et qu'on admire, c'est cette rime parfaite entre un vers et un autre, car le poète, avec sa sagesse, ne tolère aucune lacune quelle que soit sa nature, même acceptable dans les règles de la poésie. De là, on a l'impression qu'il a réincarné son aîné Si Muhand U M'hend, le père spirituel et légendaire de la poésie kabyle.