C'est à guichets fermés, dans la liesse et l'euphorie, que notre poète et philosophe s'est produit mardi soir... «Aït Menguellet fait partie de ces artistes qui ne cessent de débusquer la vérité là où elle est la plus comprise. Il jongle avec les mots et tend ses vers comme le funambule sur sa corde. Il n'est jamais plus sérieux qu'au moment où il paraît plaisanter et sa gravité est toujours sur le point de devenir plaisante. Observateur lucide et implacable, le poète porte pourtant en soi, une grande générosité. Il faut dire qu'une flamme ne cesse de brûler en cet homme discret qui donne l'air d'avoir l'âge de son pays», a dit de lui Ahmed Ammour. C'est en assistant à son concert, mardi dernier, au Théâtre national algérien, qu'on a pu effectivement mesurer la profondeur de ses mots. Aït Menguellet, véritable bête de scène, a, durant trois heures, «enflammé» le théâtre. Il s'est produit à guichets fermés. A l'intérieur, la salle s'est transformée en une véritable étuve. Le poète a su donner de la chaleur, déhancher plus d'un dans son corps, ou dans son âme. Répondant au rythme cadencé du tb'el et de la flûte «enchantée», il servira à son fidèle public quelques morceaux choisis de son large répertoire. Les connaisseurs reprenaient en choeur et en applaudissement chacun des refrains. Le TNA a failli s'embraser. Du jamais vu. Une kermesse de folie et de joie. Accompagné de son orchestre et de son fils Djaâfar, qui suit les traces de son père sur la voie de la chanson, Lounis Aït Menguellet mettra le feu à la poudrière du TNA. «Les ârchs sont parmi nous», susurraient certains. Présents dans la salle, des policiers veillaient au grain. Gare aux slogans incendiaires. Même les coins étaient occupés malgré les 750 places que comprend le théâtre. Les admirateurs, en se délectant de ses textes d'amour et d'engagement, se trémoussaient sur sa musique énergiquement saccadée. Le philosophe et poète de la Kabylie a su, encore une fois, émouvoir par la finesse et la subtilité de son langage, le coeur des mélomanes. Aussi, traduire les textes d'Aït Menguellet (Ahmed Ammour) et les mettre en scène (Ahmed Khoudi) n'a pas dû être une sinécure. L'Algérie du poète est une gageure théâtrale qui s'inscrit dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France. Une coproduction entre le Théâtre national algérien et l'Apostrophe, scène nationale de Gergy-Pontoise. L'artiste Lounis Aït Menguellet se produira au TNA jusqu'au 4 juillet. avis aux amateurs.