Il était pour le moins important d'ouvrir les colonnes du journal au premier secrétaire du FFS, le seul parti d'opposition en Algérie qui soit constant dans ses positions. Un parti qui n'a jamais cédé au chant des sirènes et qui, à chaque fois qu'on a voulu l'impliquer dans des compromissions douteuses pour sauver le système, a plaidé pour des principes et non pour des strapontins au pouvoir. Le FFS, qui existe depuis 1963 et qui a connu une petite période de lutte armée, a définitivement opté pour la non-violence et l'action pacifique, rejetant les extrémismes d'où qu'ils viennent. Et quand on demande à M.Djeddaï si en appelant au boycott, le FFS ne court pas le risque d'être absent à l'APN et donc du paysage politique, le premier secrétaire est catégorique: «Le FFS a des traditions de résistance. Donc on ne va pas disparaître au matin du 31 mai.» Et pour mieux enfoncer le clou, M.Djeddaï se demande à quoi peut bien servir une Assemblée nationale «croupion» qui ne s'est pas réunie en urgence et en session extraordinaire pour débattre des massacres (de Bentalha et autres) et de la situation en Kabylie. Quant à aller aux élections sans la Kabylie, M.Djeddaï est formel. Le leader d'un parti politique membre de la coalition gouvernementale ayant déclaré, il y a plus d'un mois, que le scrutin du 30 mai pouvait se dérouler sans la Kabylie, et qu'il y aurait la possibilité d'organiser plus tard des partielles, M.Ahmed Djeddaï a trouvé cette idée totalement absurde. «Qu'on se souvienne, dit-il, que les lycéens de Kabylie avaient refusé en 2001 le Bac partiel en Kabylie, parce qu'ils sont nationalistes et qu'ils sont contre la partition de l'Algérie.» Et quand le même leader de la coalition affirme que la Kabylie ne représente que deux wilayas, M.Djeddaï lui rappelle que les contours de la Kabylie embrassent au moins 7 wilayas, à savoir Béjaïa, Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdès, Alger, Sétif et Tipaza et que le pouvoir a fait tout faux dans ses tentatives de singulariser la Kabylie. «La crise en Kabylie ne peut se résorber que dans une solution de sortie de crise globale pour toute l'Algérie.» Quelles que soient les concessions du pouvoir sur tamazight, il n'y aura pas d'essoufflement du mouvement de revendications. Tout simplement, parce que la contestation est enracinée. C'est une lame de fond qui remet en cause la hogra, l'exclusion, la misère sociale. Quant à la plate-forme d'El-Kseur, affirme M.Djeddaï, elle pose les problèmes de tous les Algériens, même si elle le fait d'une façon maladroite. «Ce qu'il en ressort, c'est qu'au-delà des problèmes socio-économiques, la plate-forme pose les préalables de la dignité et des droits politiques, de la liberté, de l'indépendance de la justice.» Pour être plus explicite, M.Djeddaï, qui a animé plusieurs meetings en Kabylie, affirme que l'autonomie est rejetée dans la région et que la population se prononce pour une Algérie unie. «En généralisant les pratiques d'apprentis sorciers, le pouvoir attente à l'unité du pays.» Et pour mieux préciser sa pensée, M.Djeddaï affirme: «Le pouvoir n'en finit pas de recevoir des claques... sur la figure.»