Des informations non encore authentifiées évoquent la destruction d'un atelier de fabrication de bombes dans la quartier de Bab El-Oued. Les assassinats se suivent et se ressemblent dans une sorte de logique aux contours encore flous. Plusieurs pistes sont dégagées par les correspondants sécuritaires de la presse à la suite des dernières attaques survenues à Alger. Les observateurs évoquent, après l'assassinat des deux motards à Dely Ibrahim mardi dernier, une possible reconstitution du Fida, l'organisation qui a tant sévi entre 1993 et 1997 au volet du terrorisme urbain dans la capitale. Un «tréviste» de cette même organisation avait commenté les derniers attentats à la bombe à Alger en ces termes : «Nous sommes complètement inopérants, s'‘‘ils'' veulent créer un autre FIDA, c'est leur affaire». L'opération de Dely Ibrahim a été réglée comme un métronome : il est 19h 30 lorsqu'une Peugeot 405 noire s'arrête au niveau du carrefour de Aïn Allah, deux individus armés de pistolets automatiques calibre 9 millimètres descendent du véhicule et tirent à bout portant sur les deux motards avant de prendre la fuite à bord d'une Clio blanche garée un peu plus bas que le barrage. Des sources assurent que l'attentat de Dely Ibrahim a été revendiqué le jour-même de l'attaque par le GIA d'Abou Tourab. Les terroristes, selon cette même source, auraient utilisé le talkie-walkie de l'une des deux victimes pour appeler les policiers et signer leur crime. Ou encore des «analystes» opèrent un étrange rapprochement avec l'attaque en septembre 2001 du Tennis Club de Zéralda, à l'ouest d'Alger, qui avait fait 7 morts et dont les tueurs courent toujours puisque l'enquête suit toujours son cours. D'autres sources encore rattachent cette attaque à l'incursion opérée par trois individus armés dans l'enceinte de l'université de Blida mercredi. Les membres de ce groupe, selon des comptes rendus de la presse, se sont «présentés» comme étant affiliés au Gspc de Hassan Hattab. Leur objectif était de voler du matériel de transmission de haute technologie «pour entrer en contact avec leurs complices assiégés à Sidi Ali Bounab», écrit la presse. De sources officielles, sur les trois terroristes, deux ont été tués et le troisième a réussi à prendre la fuite. L'un d'eux «est un élargi et est originaire de Ouled Yaïch, alors que l'autre est un des plus proches lieutenants du terroriste Hassan Hattab, sinon le numéro deux». Le troisième individu a réussi à prendre la fuite. Le Gspc frapperait ainsi avec la plus grande des facilités à Blida, ville de garnison par excellence, alors que le GIA retrouverait ses premiers réflexes opératoires, assassinats de policiers, dans un des quartiers les plus sécurisés de la capitale. L'exécution de deux adolescents le dimanche 21 avril dernier près du Champ de manoeuvre ressemble dans sa procédure opérationnelle aux derniers attentats contre les deux motards de Dely Ibrahim: deux individus, véhiculés, armés de pistolets automatiques calibre 9 millimètres (munis de silencieux pour le cas des deux adolescents), tirs à bout portant et impossibilité de pister les tueurs. Professionnels, discrets, présence diluée dans le milieu urbain et rapidité du repli, ce(s) commando(s) itinérant(s) frappent de manière précise et fulgurante. Le 23 avril, soit deux jours après l'assassinat des deux adolescents, une bombe explose dans un passage souterrain à Belcourt, à moins de 500 mètres du lieu du premier crime. Yazid Zerhouni, ministre de l'Intérieur, ne privilégie aucune piste, mais a confié récemment en marge de la visite de Bouteflika à Sidi Bel Abbes: «Peut-être ces deux jeunes avaient-ils aperçu ceux qui voulaient déposer une bombe». Des bombes? Parlons-en. La bombe de Belcourt a mystérieusement «clôturé» la troisième campagne d'attentats à l'explosif qui a visé Alger. Des informations non encore authentifiées évoquent la destruction d'un atelier de fabrication de bombes dans la quartier de Bab El-Oued quelques jours après l'attentat de Belcourt. Il serait curieux de constater, si cette information se confirmait, la totale et hermétique discrétion autour de cette opération. Bab El-Oued justement: des sources confiaient, ces dernières semaines, que les services de sécurité tentaient de «pénétrer» ce quartier sur le plan du renseignement. Des assassinats ciblés avec vol d'armes aux policiers tués, une «pause» dans la série d'attentats à la bombe, des commandos très bien entraînés sillonnant la citadelle brandissant des automatiques 9 mm munis de silencieux: sommes-nous en train de vivre les prémices d'une nouvelle guérilla urbaine mieux structurée? La projection de ses objectifs immédiats ne peut être dissociée de la confusion générale régnante dans le pays à la veille des élections et de la célébration du 40e anniversaire de l'Indépendance le 5 juillet prochain. Une question: à qui le tour?