Peut-on parler d'actions terroristes menées dans le cadre d'une coordination? S'agit-il d'une répartition, tacite ou explicite, du terrain des opérations? La donne sécuritaire connaît une mutation de son action et de ses stratégies. Aux attaques des groupes armés visant les hameaux dans la région de Tipasa et de Berrouaghia a succédé la vague d'attentats à la bombe dans la capitale et dont les spécificités rejoignent curieusement des tentatives de même nature et à la même période à l'Est, à Jijel plus précisément. Plusieurs observateurs avaient estimé, à l'époque, que ces attaques répondaient à une stratégie d'étouffement de la capitale et d'une campagne de mise sous pression des autorités publiques à la veille de la tenue du Festival mondial de la jeunesse. Avec le recul, la majorité des attentats des mois de juillet et août est géographiquement disposée en forme de demi-cercle dont l'extrémité démarre de l'axe Boumerdès-Tizi Ouzou pour aboutir à l'ouest dans la wilaya de Tipasa. Le Sud de ce demi-cercle est localisé dans la région Médéa-Ksar El-Boukhari. Les dernières attaques, dont celle de Larbaâ dans la nuit de mercredi à jeudi, rejoignent dans leurs méthodes les opérations menées par les groupes armés dans l'Ouest, à Arzew et à Mascara notamment. Des petits groupes d'éléments en tenues militaires et arborant des kalachnikovs AK47 munis de crosse métallique pliable, les caractéristiques des assaillants qui ont frappé à Djibolo, sur les hauteurs de Larbaâ, nous renvoient de manière troublante aux groupes autonomes et éclatés qui sévissent à l'Ouest du pays. A la lumière de ses rapprochements, peut-on parler d'actions menées dans le cadre d'une coordination? S'agit-il d'une répartition, tacite ou explicite, du terrain des opérations? C'est en ces termes interrogatifs et conjecturaux que semblent s'esquisser les contours encore flous d'une stratégie de la terreur. La structure opérationnelle légère, hermétique et extrêmement mobile, adoptée par les groupes armés, complique davantage le travail des services de sécurité. La stratégie de la lutte antiterroriste s'achemine d'ailleurs vers un recentrage des efforts autour d'opérations très ciblées sur la base d'un travail sur le renseignement. Revenons à ces groupes armés. Vu l'opacité de la situation sur le terrain, l'éclatement des GIA et en l'absence de «revendication» authentifiée, il reste difficile de tracer une logique clairement définie de la stratégie de ces groupes. Seules les supputations alimentent les discussions et les briefings des salles de rédactions algéroises. On parle alors de desperados qui tiennent à tirer leur dernier coup de baroud avant la grande débandade bien entamée depuis la mise en place de dispositions de la loi portant sur la concorde civile d'autres évoquent des groupes déterminés, bénéficiant d'un nouvel armement et ayant opéré un récent recrutement. L'un dans l'autre, GIA, Gspc ou autres escadrons de la mort rôdent dans les plaines et montagnes du pays et aux alentours des concentrations urbaines, semant la mort et des messages dont le décodage tarde à s'effectuer.