La ministre de la Culture accuse l'administration de l'Office de complicité avec les gestionnaires. La bataille contre les boîtes de nuit de Riadh el Feth va bientôt commencer. Le centre fera l'objet d'une opération de réhabilitation totale. Des mesures ont été prises pour la fermeture des cabarets. C'est ce qu'a assuré la ministre de la Culture, Khalida Toumi, lors de son passage jeudi à l'APN. Interpellée par le président du groupe parlementaire du MSP sur la situation désastreuse du centre, la ministre a admis qu'il y a là une réalité amère. «Effectivement, ce monument historique est devenu un lieu de débauche pour les jeunes adolescents», a-t-elle dit avec regret. Et de renchérir: «C'est honteux et même scandaleux de voir le monument des martyrs transformé en lieu de dépravation.» Pis encore, dit-elle, on a même porté atteinte au droit de l'enfant. «Le plus grand et le seul théâtre de l'enfance dans le pays a été détourné en boîte de nuit», a souligné la ministre. Alors que sa construction a coûté des milliards au Trésor public, ce centre destiné à être un pôle culturel et économique a été détourné de sa vocation initiale. Comment et pourquoi? A qui incombe la responsabilité? Mme Toumi affirme que son département a toujours dénoncé cette politique. «Nous avons pris plusieurs mesures contre la transformation des restaurants en boîtes de nuit, en vain», a-t-elle expliqué. Et d'ajouter: «Nous n'avons pas la puissance publique pour lutter contre ce phénomène.» Son département a même pris des dispositions pour la récupération du Théâtre de l'enfance qui a été cédé par acte. «Nous sommes en train d'entamer les procédures judiciaires», a-t-elle fait savoir tout en s'engageant de faire son possible pour le restituer à sa vocation première, ce pourquoi il a été créé. «Je m'engage sur la tête de ma mère à récupérer le théâtre et ce quel qu'en soit le prix», a-t-elle juré. Mme Toumi accuse directement l'administration de l'Office d'être complice avec les gestionnaires des lieux en leur octroyant l'autorisation dite «numéro 4 qui leur permet de convertir ces restaurants en boîtes de nuit». La ministre précise que deux directeurs ont été licenciés pour refus de s'inscrire dans cette démarche. S'étalant sur le sujet, la ministre de la Culture est revenue un peu en arrière pour dire que le début de ce dérapage remonte à 1997 où les gestionnaires des restaurants ont demandé de faire des animations pour sauver leur commerce. En l'absence de contrôle, ces derniers ont transformé, peu à peu, leurs restaurants en cabarets. Un arrêté ministériel a été adopté pour la fermeture de ces cabarets, mais, explique-t-elle, il a été abrogé par référé, car ces gestionnaires «disposaient d'actes et d'autorisations». Dans le même contexte, la ministère de la Culture a promulgué, en juillet 2005 en coordination avec le ministère de l'Intérieur, un décret exécutif définissant les conditions d'ouverture et d'exploitation des établissements de loisir, y compris les boîtes de nuit, notamment l'article 26 qui exige le dépôt régulier d'une nouvelle demande auprès des services concernés avec l'aval du ministère de la Culture. Or, ces mesures sont restées lettre morte. A qui profite cette situation? Sans aller par trente-six chemins, la ministre accuse: «Il y a des baronnets qui sont derrière cette situation.» «Nous ignorons les raisons et les ambitions de ces personnes qui veulent casser la volonté de l'Etat», a-t-elle indiqué. Malgré les obstacles, la ministre promet de désinfecter le centre de toutes ses boîtes de nuit. «Nous travaillons en coordination avec le ministère de l'Intérieur pour lutter contre ce phénomène et procéder à la fermeture des boîtes de nuit», a-t-elle conclu. Par ailleurs et à propos de la dégradation du cinéma algérien, Mme Toumi a affirmé que l'Etat accorde plus de 217 millions DA du Fonds national pour la promotion du cinéma et sa diffusion à l'étranger. Cependant, elle a relevé, dans ce sens l'absence d'un cadre juridique qui régule l'activité du cinéma. Un projet de loi relatif à cette activité a été élaboré pour assurer un meilleur encadrement. Ce projet de loi en cours d'examen, traîne depuis deux ans au gouvernement. Sur 300 salles de cinéma, le ministère n'en détient que 17, le reste, soit 85%, relève des APC et du secteur privé. Concernant l'organisation des «spectacles d'exhibition», elle a précisé que son département n'a adressé aucune invitation à ces chanteurs, ajoutant qu'il s'agit d'invitations parvenant de particuliers qui ne possèdent pas d'autorisation et qui ne respectent pas le cahier des charges.