Jamais la scène médiatique n'a connu une telle activité religieuse même durant les années difficiles marquée par la montée de la mouvance islamiste. Un fait qui n'échappe pas à l'oeil. La religion prend le dessus sur la politique. L'activité religieuse a gagné du terrain durant ce mois sacré de Ramadhan. Les séries religieuses ont eu la part du lion dans la grille des programmes de l'Unique. Les feuilletons doublés et les films ont été éliminés de l'agenda de ce mois pour laisser place à la spiritualité. Concours des Cavaliers du Coran, documentaires, cours mohammadites (par rapport au Prophète (Qsssl), prêches. Ce sont autant d'émissions qui défilent chaque jour sur le petit écran. Pas moins de cinq émissions sont diffusées quotidiennement. La plage horaire consacrée à ces émissions dure généralement plus d'une demi-heure. Le jeûneur a l'embarras du choix. Ce dernier n'est pas le seul concerné. Même les bambins ont leur propre programme. Des dessins animés rapportant la conduite du Prophète (Qsssl) sont également diffusés. A l'instar de la télé, des conférences, des débats sont organisés régulièrement un peu partout à travers le pays. Depuis le début du mois en cours, plusieurs conférences sur l'Islam ont été animées à Alger. Ces activités ne se limitent pas à la célébration des événements fondamentaux des débuts de l'Islam, à savoir la Bataille de Badr, la Nuit du destin, etc. Mais elles sont beaucoup plus consacrées au débat sur les sujets d'actualité en rapport avec l'Islam. Alors qu'auparavant on assistait à une intense activité politique, cette année c'est le religieux qui prend le dessus. S'agit-il d'un fait conjoncturel? Il faut relever que jamais la scène médiatique n'a connu une telle activité. Même durant les années difficiles marquées par la montée de la mouvance islamiste, il n'y a eu autant de séries religieuses. Ce qui mérite d'être souligné, c'est l'intérêt exprimé par les responsables politiques par rapport au champ religieux. L'organisation du grand concours des Cavaliers du Coran (Forsanes El Qoran), placée sous l'égide du président de la République le confirme. Des personnalités politiques assistent régulièrement aux séances de sélection des candidats. Des ministres, des leaders de partis s'affichent sur le plateau de la télé à côté des candidats. Le secrétaire général de l'instance exécutive du FLN est devenu un fidèle de l'émission. L'implication des états-majors des partis dans la promotion de la religion est loin d'être une coïncidence ou un simple hasard. Pourquoi alors cet intérêt et maintenant? Cette question, supputent d'aucuns, a sans doute un rapport avec le phénomène d'évangélisation en Algérie. Il faut relever que le nombre des personnes qui se sont converties au christianisme, selon les statistiques existantes, laisse perplexe. Ce qui explique pourquoi il y a un accroissement des activités liées à la religion. Cette démarche semble ainsi s'inscrire dans le cadre de la campagne que mène le département des affaires religieuses contre les pratiques irrégulières du culte. A rappeler que depuis le début de l'année, une série d'arrestations et de mises sous mandat de dépôt ont eu lieu notamment, à l'ouest du pays, dont le motif principal était «la pratique illégale d'un culte non musulman et prosélytisme». Cette action a suscité des réactions à l'étranger. De fait, le département d'Etat américain a pointé du doigt l'Algérie. Dans un rapport annuel publié vendredi dernier, celui-ci estime qu'il y a eu, selon lui «une détérioration des libertés religieuses» en Algérie. «Il y a eu des problèmes en Algérie et en Jordanie qui sont traditionnellement plus respectueuses des minorités religieuses», affirme John Hanford, responsable de ce rapport.