On assiste ces derniers temps à un certain «activisme silencieux» pour la prédication dans quelques communes de la capitale. L'Algérie fait-elle face à la résurgence d'un nouveau mouvement salafiste? La question mérite d'être posée au moment où l'on assiste ces derniers temps à un certain «activisme silencieux» pour la prédication dans la capitale. La presse nationale a fait récemment état de la résurgence de ce mouvement dont les activistes «militent» dans les coulisses et restent toujours sous couvert de l'anonymat. Les exemples ne manquent pas. Un citoyen habitant un quartier d'Alger, connu pour être un fief des islamistes, a révélé à L'Expression, que des hommes qui prétendent être des salafistes, frappaient chaque matin à sa porte à l'heure de la prière de l'aube. Leur objectif, explique-t-il, était de réveiller toute la famille pour l'inviter à accomplir le devoir religieux, à savoir la prière d'El-Fajr. Selon ce témoin, qui n'a pas souhaité que son identité soit révélée sur les colonnes de la presse, ce «tapage nocturne» a duré pendant quelques semaines jusqu'au jour où il a réussi à «piéger» les auteurs de cet acte. «Un jour, je me suis réveillé avant l'heure de la prière. J'ai laissé la vachette de la porte ouverte et je me suis mis derrière celle-ci. A la première sonnerie, j'ai ouvert la porte et j'ai réussi à reconnaître les auteurs», a-t-il raconté. Et d'enchaîner que lors d'une brève discussion, ces derniers lui avaient expliqué que leur seul et unique but était de réveiller la famille pour accomplir le devoir de la prière. Notre témoin n'est sûrement pas la seule «victime». Les indices indiquant le retour de l'activisme pour la prédication ne manquent pas. Des familles ont attesté avoir trouvé dans les boîtes aux lettres de leur immeuble des tracts dont le contenu porte clairement des fatwas. L'autre indice relevé par la presse nationale, la semaine dernière, a trait à la vente de tabac dans les kiosques. Selon elle, certains buralistes font l'objet de «harcèlement» de la part d'inconnus les sommant d'arrêter la vente de tabac car considérée comme péché par l'Islam. Ces trois faits ne doivent pas être pris à la légère. Ces indices rappellent la politique menée par les islamistes au début des années 90. Il s'agit, notamment, de la stratégie adoptée par le parti dissous afin de gagner la sympathie de la société algérienne. Présentement, les leaders des partis islamistes tentent par tous les moyens de mobiliser la rue algérienne qu'ils qualifient d'«islamiste de fond». Lors d'une de ses sorties médiatiques, Bouguerra Soltani, président du MSP a réaffirmé qu'en Algérie seul «les islamistes peuvent mobiliser les foules et occuper le terrain». Le président du MSP évacue du champ politique le FLN, le RND et toutes les autres tendances activant légalement sur le terrain politique. Etant lui-même une partie de cette mouvance islamiste en Algérie, M.Soltani croit dur comme fer que seule cette mouvance a une emprise réelle sur le terrain. «Il n' y a que les islamistes qui peuvent travailler et militer 12 mois sur 12, sans rien demander en retour.» Son frère ennemi, Abdelmadjid Menasra, développe, de son côté un discours similaire. Dans une interview à L'Expression, M.Menasra avait déclaré que «la société algérienne est de tendance islamiste». Pour ce dernier, les partis politiques activant sur la scène politique sont défaillants dans la mesure où ils n'arrivent plus à convaincre la société qui est, a-t-il insisté, islamiste. «Les partis islamistes en Algérie traversent une crise de représentativité. Justement, nous proposons une politique du juste milieu pour pouvoir convaincre cette catégorie de la société qui n'arrive pas à trouver un espace politique à même de répondre à ses aspirations et ses ambitions», a-t-il dit. Les déclarations de ces deux islamistes démontrent, à plus d'un titre, la forte conviction des islamistes d'instaurer un Etat islamique en Algérie.