L'installation de la première femme présidente de cour est, en soi, un événement, un symbole d'une Algérie toujours en quête d'un Etat moderne. Monsieur Ahmed Ouyahia, ministre d'Etat, ministre de la Justice, a inauguré, hier, le siège de la nouvelle cour de Boumerdès. Il a installé Mme Naït-Kaci Ourdia, en tant que présidente de la cour, suite à sa nomination par le Président de la République, lors du dernier mouvement des magistrats du 14 août 2001. Mme Naït-Kaci reconnaîtra que sa désignation à la tête de la cour est un honneur rendu à toutes les femmes algériennes, et que le nouveau tribunal de Boumerdès allégera celui de Tizi Ouzou, et fera se rapprocher les Robes noires des citoyens de cette wilaya. M.Ouyahia affirmera, pour sa part, que cette réalisation concrétise le programme du Président de la République en matière de justice. L'ouverture de cette cour est une preuve complémentaire de l'importance qu'attache l'Etat, tous pouvoirs confondus, au développement et à la réforme de la justice. La prochaine installation de la présidente de la cour de Bordj Bou-Arréridj, confirme la détermination de l'Algérie à fonctionner avec ses deux composantes: masculine et féminine. Il rappellera que le tiers du corps de la justice est composé de femmes. Ajoutant que la nomination d'une femme à la tête de la Cour d'Etat, par le Président de la République, dénote la volonté de la nation de mobiliser toutes les capacités, afin d'aller de l'avant. La femme pourra, alors, relever tous les défis sans complexe. Il signalera qu'une justice crédible obéit à plusieurs critères dont une formation de qualité pour les juristes et une ressource humaine conséquente. Il est pour l'élimination de toutes les lacunes dont souffrirait le secteur de la justice et insistera sur l'indépendance de juge dont les seuls censeurs sont la loi, les coutumes et la conscience. Néanmoins, la culture légale reste à parfaire, car les mentalités constituent la plus grande entrave à l'évolution de la justice; d'où la nécessité d'expliquer et d'ouvrir les portes en matière d'assistance juridique, précisera-t-il. Pour M.Ouyahia, le peuple n'a pas pour préoccupation le «pain» ou le «logement» il a soif de justice. Et si une crise de confiance subsiste, c'est uniquement en fait des problèmes accumulés. «Il faut du temps pour construire un Etat», dira-t-il. Les juges sont alors appelés à faire preuve de respect et de fermeté, dans le traitement des affaires du citoyen. La famille de la justice se doit d'être complémentaire et solidaire. Evoquant l'épisode «mains propres» qui a, récemment, touché le secteur de la justice, le ministre s'adressera au président et à la présidente des cours de Tizi Ouzou et de Boumerdès et aux procureurs généraux, par ces paroles: «La famille des juges est apeurée par les inspections, les contrôles et les instances disciplinaires. Sachez que 80 à 90% des affaires soulevées sont dus à des plaintes émanant de simples citoyens. La peur est la soeur de la délinquance, c'est pourquoi le magistrat intègre ne la connaît pas. Ce dernier doit lutter contre toute forme de dépravation.»