L'or noir n'a pas réalisé un nouveau record historique. Le gain de plus de 16 dollars qu'il a engrangé au cours de la journée de lundi, est une performance unique en son genre. Une fois encore, le baril de pétrole s'est mis en vedette. C'est probablement pas fini. Lundi, New York: c'est le dernier jour de cotation pour la livraison en octobre. Cela ne sera pas une journée comme les autres. Celles qui ont marqué la dégringolade des prix du brut. Le baril du «Light sweet crude» en a décidé autrement. Il vient d'afficher avec insolence 120,92 dollars. Un réveil brutal qui a pris de court bon nombre d'analystes si l'on en juge par leurs réactions. «C'est une hausse sans précédent», s'est exclamé Antoine Halff du groupe Newdge. L'événement est à inscrire dans les annales. La hausse se chiffre à 16,37 dollars comparativement à la clôture de vendredi. La performance est d'autant plus notoire si l'on se réfère à la journée de mardi où il avait flanché pour atteindre son plus bas niveau depuis plusieurs mois. Les chiffres sont éloquents. Il a atteint 130 dollars en séance. Ce qui représente un bond de près de 30 dollars par rapport à la semaine dernière. Que s'est-il passé pour qu'une telle résurrection se produise? «Baisse du dollar et facteurs techniques», nous dit-on. Le baril de l'or noir semble s'être invité dans la crise financière qui a sévèrement frappé et les Etats-Unis et les principales places boursières de la planète. Ce qui a provoqué un manque de liquidités. «Les intervenants sur le marché sont obligés de payer un prix exorbitant pour liquider leur position avant l'expiration du contrat d'octobre», a expliqué Antoine Halff. L'embellie est-elle de courte durée? Il semblerait que les facteurs qui ont provoqué cette nouvelle pression sur les marchés pétroliers sont dus à la livraison des volumes devant s'exécuter dans des délais assez courts. Les ingrédients ne manquent cependant pas pour inciter les prix de l'or noir à reprendre leur marche en avant dans les mois à venir. Les ouragans Ike et Gustav ont sérieusement perturbé la production américaine du golfe du Mexique. Les stocks de pétrole brut aux Etats-Unis d'Amérique connaissent et enregistrent des niveaux jugés très bas. «Une proportion considérable de la production du golfe du Mexique reste hors service depuis le passage de l'ouragan Ike» révèle Mike Fitz Patrick de la maison Mfglobal. Estimée à 1,3 million de barils de brut par jour, la production américaine du golfe du Mexique, ne fonctionne qu'à hauteur de 23% de sa capacité depuis lundi. Elle est perturbée depuis maintenant trois semaines. Par ailleurs, les investisseurs munis de différentes devises ont jeté leur dévolu sur les matières premières qui s'échangent dans une devise américaine qui accuse un nouveau recul de 1,48 dollar pour un euro pour la journée de lundi. «Le dollar est mis sous pression par la perspective d'un alourdissement conséquent de la dette américaine», a déclaré Mike Fitz Patrick qui cite le chiffre astronomique de 700 milliards de dollars. Quant aux facteurs géopolitiques qui peuvent s'avérer déterminants pour une fulgurante envolée des prix du pétrole, ils sont bel et bien réels. La crise larvée du nucléaire iranien risque de rebondir. Un bras de fer semble s'être encore une fois engagé entre Téhéran et l'Aiea, l'Agence internationale pour l'énergie atomique, qui a appelé la République islamique d'Iran à faire toute la transparence sur l'éventuel volet de son programme nucléaire. Quant au Nigeria, le géant pétrolier de l'Afrique fait face aux redoutables rebelles du Mouvement pour l'émancipation du Niger (Mend) qui harcèlent les installations pétrolières du sud du pays. Le premier producteur africain de pétrole brut a enregistré une chute de sa production évaluée à 40%. Des signes qui ne trompent pas quant aux secousses prochaines que connaîtra le marché pétrolier.