L'inquiétude de certains opérateurs, qui se sont précipités pour prendre des bénéfices suite à la baisse de confiance des consommateurs aux Etats-Unis, a freiné l'élan des cours de l'or noir. La semaine s'est achevée par une légère perte de 26 cents pour le «Light Sweet Crude» par rapport à la semaine précédente qui a pris fin le 5 mars. Les prix du brut sur le New York Mercantile Exchange avaient clôturé ce jour-là à 81,50 dollars. Toutes les conditions étaient pourtant réunies pour que le baril atteigne un nouveau record en cette première quinzaine du mois de mars. Dès mercredi, il avait enregistré une hausse de 60 cents comparativement à la séance de la veille. Ce qui lui a permis de se hisser au-dessus de la barre des 82 dollars qu'il donnait l'impression d'avoir des difficultés à franchir. Le marché pétrolier, qui était dans l'attente du rapport hebdomadaire du Doe, le département américain de l'Energie, a été doublement surpris par les chiffres des réserves des Etats-Unis. Les stocks de brut ont certes, progressé, mais moins que prévu. La hausse, qui devait se situer autour des 1,7 million de barils, n'a finalement pas dépassé 1,4 million de barils. La meilleure nouvelle provenait des produits raffinés qui ont lourdement chuté. Le gazole et le fioul de chauffage ont reculé de 2,2 millions de barils tandis que les réserves d'essence ont perdu près de 3 millions de barils. 2,9 millions, plus exactement. «La consommation semble reprendre un peu, mais les chiffres ne sont pas si extraordinaires», a fait remarquer Antoine Halff de chez Newedge Group. Un constat que confortent les nouvelles prévisions de l'Opep et de l'Agence américaine de l'énergie. Cette dernière a relevé ses prévisions de croissance de la consommation de 300.000 barils par jour. Passant ainsi de 1,2 million de barils par jour à 1,5 million de barils par jour pour l'année 2010. Le rapport mensuel de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui a mis en exergue «le faible rythme de la reprise de l'économie mondiale», table tout de même sur une légère hausse de sa prévision qui a été évaluée à 1,1%. Tous ces indices positifs n'ont pas réussi à faire engranger au baril de «Light Sweet Crude» qu'un infime gain de deux cents pour la journée de jeudi. Les cours de l'or noir ont affiché 82,11 dollars en fin de séance à New York. «Les prix font du surplace depuis environ une semaine. Le rebond débuté le 5 février depuis le plancher de 69,50 dollars, doit encore casser de nouveaux seuils», a pronostiqué l'analyste Mike Fitzpatrick de MF Global. Il faut reconnaître aussi que le marché pétrolier évolue dans un contexte où les bonnes nouvelles et des indices moins favorables se font place et se succèdent sans répit. Ce qui explique que les prix auraient plutôt tendance à se maintenir dans une fourchette comprise entre 75 et un peu plus de 80 dollars avec, de temps à autre, des incursions sous la barre des 70 dollars. Les cours de l'or noir devraient cependant être fortement soutenus, notamment par la demande chinoise. Selon le rapport de l'AIE, elle aurait bondi en janvier de 28% sur une année. Le pays des dragons, qui projette d'accroître ses réserves stratégiques, devrait continuer à importer davantage de brut. Les prix du pétrole, qui sont aussi aiguillonnés par le cours du billet vert, par rapport à la monnaie unique européenne, ont donné l'impression vendredi de vouloir franchir un nouveau seuil. Ils avaient grimpé à plus de 83 dollars, à New York en séance, pour finalement terminer la semaine à 81,24 dollars. Une réaction brutale du marché qui a surpris bon nombre d'analystes. «Le marché réagit peut-être au chiffre de la confiance des consommateurs américains, qui était plus mauvais que prévu», s'est limité de faire constater Jason Schenker de Prestige Economics. L'université du Michigan, qui évalue l'indice de confiance des consommateurs US, a indiqué que celui-ci avait successivement baissé en février puis en mars. Cela a-t-il influé défavorablement sur les cours du pétrole? «C'est un jeu de courtier, je ne pense pas qu'il y ait de raison fondamentale. Quand on a atteint 83 dollars, certains courtiers ont probablement voulu empocher des bénéfices», a estimé, pour sa part, l'analyste indépendant Ellis Eckland. Les cours de l'or noir reprendront-ils leur ascension interrompue? On le saura dès aujourd'hui.