La tempête attendue dans les prochains jours et qui devrait toucher le golfe du Mexique pourrait permettre aux cours de l'or noir de réaliser un record absolu pour l'année 2009. En attendant, le baril de brut a engrangé, lundi, un gain de 2 dollars par rapport à la séance de clôture de vendredi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «Light Sweet Crude» pour livraison en décembre, a affiché 79,43 dollars, tandis que sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent coté à Londres enregistrait un gain de 1,90 dollar pour la même échéance à 77,77dollars. Ce rebond du marché pétrolier, qui vient d'effacer en une seule séance les pertes qu'il a enregistrées à la fin de la semaine dernière, mérite d'être signalé car il est loin de constituer un événement anodin. En effet, l'ouragan Ida, qui a drainé des pluies torrentielles, a eu des conséquences dramatiques. Elles ont entrainé la mort de pas moins de 124 personnes au Salvador. Et quand bien même qu'il ait baissé d'intensité, les services météorologiques l'ont annoncé sous forme de tempête tropicale, il a mis sous sa menace le golfe du Mexique où se concentrent des installations pétrolières qui couvrent 25% de la production américaine. Des mesures de précaution ont été prises par de nombreuses compagnies pétrolières pour parer à de potentiels dégâts annoncés que pourrait provoquer une très probable tempête cyclonique. «BP, Chevron, Exxon Mobil et Marathon Oil, entre autres, ont fermé une partie de leur production et évacué les employés non essentiels du chemin qu'Ida devrait emprunter», a révélé Amrita Sen, de Barclays Capital. La compagnie British Petroleum n'a pas nié les répercussions qu'auront ces décisions sur la production sans en préciser cependant leur ampleur. Les cours de l'or noir de leur côté, n'ont pas attendu pour, à nouveau, amorcer leur mouvement vers la hausse. «L'ouragan qui est en chemin vers les Etats-Unis est certainement un facteur, tout comme le dollar», a indiqué pour sa part l'analyste de BMO Capital Markets, Bart Melek. La monnaie unique européenne, l'euro, a effectivement repassé lundi la barre des 1,50 dollar. «Aujourd'hui, les marchés boursiers se sont plutôt très bien comportés dans le monde, ce qui a détourné les investisseurs du dollar et des obligations, vers des actifs considérés plus risqués, notamment le pétrole», a expliqué Bart Melek. Certains experts pensent cependant, que les gains enregistrés par le baril de pétrole, et qui sont en partie dus à une conjoncture climatologique, pourraient s'avérer éphémères. «Si les inquiétudes vis-à-vis des installations poussent les prix à la hausse, il n'est pas sûr que ces gains puissent être conservés étant donné qu'il est prévu que l'ouragan s'affaiblisse avant d'arriver sur les installations pétrolières et gazières du golfe», a estimé Edward Meir de MF Global. De toutes les façons, en ce qui concerne les capacités de nuisance de l'ouragan Ida, on devrait être fixé dès ce matin. En effet, selon le Centre américain de veille cyclonique, la dépression, qui pourrait affecter les côtes américaines aujourd'hui, sera accompagnée de vents soufflant à plus de 110km/heure. Le seul terminal américain, le Louisiana Offshore Oil Port, apte à recevoir les plus importants superpétroliers, a suspendu ses activités en raison d'une mer démontée. Il faut souligner qu'en plus d'abriter le quart de la production pétrolière américaine, 15% du gaz naturel des Etats-Unis proviennent des gisements du golfe du Mexique où sont aussi implantées 40% des capacités de raffinage américaines. Ida, qui devrait sévir pendant 48 heures, menace aussi la Nouvelle-Orléans qui a été dévastée par l'ouragan Katrina en 2005. L'Aie, l'Agence internationale de l'énergie, qui rendra publiques ses perspectives mondiales annuelles 2009, aujourd'hui, en ce qui concerne le marché pétrolier, apportera un élément supplémentaire quant à l'évolution des cours de l'or noir.