Fin d'un cycle prometteur avec deux documentaires dévoilant le dur métier de journaliste ou tout autre individu devant résister pour exister, a fortiori, durant la guerre... L'association «A nous les écrans» a clôturé, vendredi dernier, son cycle cinéma pour ce mois de Ramadhan avec un spécial documentaire. Le premier intitulé Reporter en danger d'Ahmed Thedjil Diouane, raconte les difficultés des journalistes irakiens à faire leur métier. Un film court qui illustre, parle plus qu'il ne montre. Ses images floues tentent de sonder le secret ombrageux de ce métier à haut risque. Un civil est victime des raids américains lors d'un accrochage; suivra la voiture contenant un journaliste et un caméraman présents sur les lieux du drame. Ces derniers sont abattus car ils gênaient, nous informe-t-on. Ce film remet sur le tapis les mauvaises conditions de travail des reporters de guerre dans leur mission au quotidien. Pour des images captées ou des informations glanées qui parfois leur coûtent la vie. Il en est de même pour le second documentaire 33 jours, de la Libanaise Maï Masri. Filmé durant les bombardements israéliens sur le Liban en 2006, 33 jours est un documentaire sur le quotidien de quatre jeunes travaillant dans les secteurs du théâtre, des médias et des secours d'urgence. Par la créativité et l'engagement, ce film révèle les histoires cachées de ceux qui ont survécu à l'enfer de cet été à Beyrouth, mais dont les vies sont marquées à jamais. Ce sont de jeunes Libanais et respectivement, journaliste, animateur de théâtre qui travaillent avec les enfants et les secouristes. Or, chacun dans son domaine tente de résister: un metteur en scène, travaillant avec des enfants réfugiés dans un théâtre après la destruction de leur maison, une journaliste se battant pour couvrir la guerre depuis une station de télévision visée par les bombardements, un bénévole coordonnant la distribution de secours à des milliers de personnes déplacées et enfin, la rédactrice en chef d'un journal télévisé s'efforçant de faire face à la guerre tout en s'occupant de son nouveau-né. Le film documentaire nous introduit au coeur et dans le vif de cette guerre dont les combattants, le peuple n'ont de cesse de combattre pour leur dignité. 33 jours pénètre au coeur de cette réalité faite de cris, de lamentations, de décombres mais aussi de courage et de vie malgré tout. La caméra tout près du drame, nous raconte l'horreur que les journalistes ne savent même plus comment désigner. L'émotion est palpable comme l'est le son sourd de ces bombes qui passent parfois juste à côté d'eux ou au-dessus de leurs têtes et détruisent des pans entiers de leurs quartiers, de leurs maisons. Leur mémoire! Quelle mémoire? Ils sont contraints ainsi à se loger, dormir et même laver leur linge sur les lieux mêmes de leur travail. Comme aussi cette équipe de télé qui sera l'oeil et le pouls de cette société qui n'a pas fini de panser ses blessés. 33 jours est un film sur le courage presque naïf de ces gens pour qui la guerre à Beyrouth n'est pas nouvelle. Le documentaire a reçu plusieurs prix et il est présenté pour la première fois à Alger. Fille d'un Palestinien originaire de Nablus et d'une Américaine du Texas, Maï Masri grandit à Beyrouth. Après des études à l'université de San Francisco, elle part au début des années 80 à Beyrouth où elle entame une carrière de cinéaste. Maï Masri rencontre en 1982 son mari, le cinéaste libanais Jean Chamoun avec qui elle collabore de nombreuses fois. Ses films, principalement tournés sur la Palestine et le Moyen-Orient, lui ont valu de remporter de nombreuses récompenses dans les festivals du monde entier. On lui doit par exemple Hanan Ashrawi, une femme de son temps (1995), Les Enfants du feu (1990), Les Enfants de Chatilla (1998) ou encore Chroniques de Beyrouth (2006). A nouveau, avec 33 jours, Maï Masri met le doigt sur des horreurs commises sur des innocents souvent anonymes. Un film utile et humain sur cette bêtise humaine qu'est la guerre... Pour rappel, après Panorama du cinéma algérien de 1966 à 2008 présenté par feu Youcef Chahine, la salle ABC a abrité aussi, durant ce mois de Ramadhan, la projection du court métrage de Hamid Basket le Dernier cri, puis Les anges de Satan, un long métrage de Bouliane sur l'influence du hard-rock au Maroc, Côté Egypte, on notera Tarik Marih, un documentaire de Rarim Echenaoui ainsi que La visite et la chambre 27, deux courts métrages de Azzedine Saïd.