Il était dit que la saignée du consommateur ne s'arrêtera qu'après l'Aïd. Les prix affichés sur les étals le confirment à bien des égards et démentent à la fois les prévisions à la baisse annoncée au début du Ramadhan des responsables. Si, pour les responsables, la loi du marché est le seul régulateur possible, il n'en demeure pas moins qu'il reste incompréhensible que le prix du produit passe du simple au double, tout simplement parce qu'un événement se profile à l'horizon. Les ménages algériens ne pourront jamais faire le compte comme il se doit, à l'image des sociétés développées où l'indice des prix ne varie que d'un point et rarement. Au fait, fait-on les comptes chez nous? Le consommateur algérien a payé hier le kilo de tomate à 80DA. Et il achète, quand bien même ce légume n'est pas nécessaire. «Tout a augmenté d'un seul coup», se plaignait hier, cette ménagère visiblement désabusée. Aïd oblige, les enfants sont de la partie et s'ajoutent leurs dépenses à un lourd passif qui a commencé il y a presque un mois. Les habitudes et, depuis quelques années, la concurrence, l'Algérien est devenu un consommateur excessif. Il se plaint et achète à la fois des produits pas toujours nécessaires. La première décade du Ramadhan s'est singularisée par une euphorie alimentaire. On achète tout pour n'en consommer que peu. Les excès en tout genre refont surface avec les conséquences incalculables sur la bourse ménagère et collective. La seconde décade a vu les prix quelque peu baisser. Mais une baisse que les ménages n'ont pas eu le temps d'apprécier, car il fallait se consacrer à la rentrée scolaire. Un autre événement dans un événement. Assurer une rentrée scolaire dans les meilleures dispositions est un devoir parental. Depuis le 13 du mois en cours, on ne pense qu'à ça. Les ménagères ou les mères de famille ont dû opérer simultanément sur deux fronts. Il fallait d'abord habiller les enfants, leur fournir cartables et autres fournitures scolaires. Puis, les veillées pour la confection des gâteaux de l'Aïd. Aussi était-il loisible de constater des ruelles qui grouillent de monde auprès le f'tour. Les boutiques ne désemplissent pas. Les soirées se succèdent au rythme d'un parcours du combattant. Après les boutiques en quête d'habits pour l'Aïd, vint la préparation des gâteaux, une corvée qui reste tout de même un moment de convivialité, de partage et de mise en commun des compétences en la matière. La bourse familiale prend forcément un coup. Avec des amandes à 800DA le kilo, le coup ne peut qu'être dur. Les ménages ont l'habitude maintenant. Les saignées sont légion. L'Aïd arrive avec ses gâteaux, sa folie, ses habits et ses pétards. Il fera tout oublier jusqu'à l'année prochaine incha'Allah. Saha Aïdkoum!