La «grippe» financière n'épargnera pas l'Algérie. Le contribuable est en droit de savoir le devenir de ses placements. Or, le premier argentier du pays maintient le silence radio. Le silence persistant du ministre des Finances intrigue. Son absence sur la scène médiatique aussi. Depuis le début de la crise financière mondiale, le ministre des Finances, Karim Djoudi, observe le silence. Aucune explication, aucun communiqué à même de rassurer, à défaut d'informer, le simple citoyen quant aux conséquences, certes pas immédiates, que le tsunami financier frappant le monde peut engendrer sur l'économie nationale et encore moins sur le devenir des 43 milliards de dollars que détient l'Algérie en bons du Trésor américain. Quant aux plans préconisés pour préserver l'Algérie des retombées négatives de cette crise, il faut croire que ce n'est pas demain la veille. Pour tout dire, le premier département intéressé par la crise financière qui secoue une bonne partie du monde observe un curieux mutisme sur une situation qui pourrait avoir des effets négatifs sur notre économie. Excepté la présentation de la loi de finances 2008 devant les parlementaires, le ministre des Finances s'est fait rare et ne s'est toujours pas exprimé sur la crise financière mondiale. Pourtant, la crise menaçant le marché financier n'épargnera pas l'Algérie. De ce fait, le contribuable est en droit de connaître le devenir de ses biens. Et d'abord que deviennent ou que vont devenir «nos 43 milliards» de dollars? Certes, au niveau de la finance internationale, cela ne représente pas grand-chose, mais au niveau de l'Algérie c'est énorme et c'est normal, sinon de s'inquiéter, du moins de se demander ce que font les institutions bancaires nationales pour, à tout le moins, préserver ce pécule, qui peut paraître anodin mais n'en constitue pas moins notre «bas de laine» Le citoyen est dans l'expectative. Jusqu'à l'heure où ces lignes sont écrites, c'est le silence radio de la part du premier argentier du pays et ce n'est pas la récente sortie du gouverneur de la Banque d'Algérie qui changera un iota à la situation. «La diversification des devises de placement telle que menée par la Banque d'Algérie et la poursuite d'une gestion prudente des réserves de change a permis à l'Algérie de faire face, dans une grande mesure, aux turbulences actuelles sur les marchés financiers internationaux». a affirmé Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie. Ces propos, inspirés de ceux d'un banquier marocain qui affirmait: «Nous n'avons rien à craindre de la crise du subprime. Grâce au sous-développement, nous sommes immunisés», semblent dépassés. Le fil d'Ariane est rompu. C'est l'effet domino. Un effet domino qui risque de se répercuter, si ce n'est déjà le cas, sur le marché algérien, en dépit des assurances de Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines soutenant que l'Algérie est assurée de réaliser 80 milliards de dollars de recettes d'hydrocarbures en 2008. Ce résultat, assure M.Khelil, qui sera réalisé «quelles que soient les circonstances», est la conséquence de la chute du dollar qui a entraîné une hausse du prix du baril du pétrole. Et le fait même que le Trésor américain ait accepté que le gouvernement injecte 700 milliards de dollars pour stopper l'hémorragie prouve que la crise financière est appelé à durer.