Loin d'être le fait d'une génération spontanée, le 5 Octobre 1988 a consacré l'ouverture démocratique. Le 5 Octobre 1988 a constitué un tournant décisif dans l'histoire contemporaine de l'Algérie. Il a marqué, à jamais, le passage de notre pays du monopartisme à la démocratie, du dirigisme économique à l'économie de marché, de la presse «unique» à l'ouverture du champ médiatique. Tels sont les acquis de cette date désormais charnière qui aura consacré l'ouverture tous azimuts. Autant d'acquis qu'aura consolidés l'actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika, après son investiture en 1999. «La révolution» du 5 Octobre avait pour combustible un régime en décrépitude, où un socialisme en déclin n'avait plus de réel ancrage dans une société qui n'accordait plus de crédit à ses dirigeants. La rente pétrolière et les subventions injectées épisodiquement pour acheter la paix sociale ne suffisaient alors plus pour contenir un mécontentement généralisé, généré, notamment par une bourgeoisie nouvelle qui s'exhibait avec indécence. Pénuries en tous genres, oisiveté de la jeunesse, crise du logement et effondrement économique ont précipité alors une révolte qui aura durablement marqué la mémoire du peuple algérien. Les derniers vestiges locaux du centralisme bureaucratique étaient alors définitivement enterrés. «Les événements d'Octobre 1988 signent une rupture» avec le mode de représentation imposé au pays des années durant. 20 ans après, les acquis du 5 Octobre sont disséqués, discutés, voire minimisés. «Quoi qu'on en dise, les événements d'Octobre étaient l'expression d'une revendication populaire pour le changement», rappelle Ahmed Bettache, professeur en droit. Loin d'être le fait d'une «génération spontanée», le 5 Octobre aura, cependant, consacré une réelle expérience démocratique en autorisant l'ouverture du champ médiatique et permis l'émergence du mouvement associatif. Autant d'acquis que l'actuel chef de l'Etat a consolidé en régentant le champ économique et son corollaire, un marché plus que jamais ouvert. De même qu'il a traduit dans les faits la volonté de l'Etat à en finir avec une crise du logement qui aura pour longtemps miné l'existence de la jeunesse algérienne. En mettant, notamment au premier chef de ses préoccupations, la réalisation du million de logements. Et bien que certains observateurs croient que l'expérience démocratique n'aura été vécue intensément que durant les deux premières années qui ont suivi la date phare du 5 Octobre, il faut bien reconnaître que la classe politique, toutes chapelles confondues, se sera également distinguée par une participation régulière aux différentes échéances électorales. Au moment où les associations et autres syndicats ont, bon an mal an, pu avoir droit au chapitre en s'imposant parfois comme interlocuteurs incontournables des pouvoirs publics. D'ailleurs, force est de constater que le maintien de l'état d'urgence imposé par un contexte sécuritaire exceptionnel, n'a pas sensiblement limité les possibilités d'expression pour les uns et les autres.